29 février 2008

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Lettre ouverte à Mr Raoul Castro : liberté pour les enfants sahraouis





















Monsieur le président du Conseil d’Etat,

Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers votre pays, Cuba, où les signes du changement le plus prometteur sont enregistrés et où les portes de l’espoir semblent s’ouvrir sur l’avenir.
Vous avez annoncé le 26 juillet 2007, dans la ville de Camagüey, à l’occasion de la fête nationale cubaine, des « changement structurels et conceptuels » et vous avez dit devoir « prêter une oreille à la souffrance du peuple » cubain. Cette perspective ne peut que réjouir le peuple cubain ami qui aspire à plus de prospérité économique, de bonheur et de paix.

Par cette missive, Monsieur le Président, c’est sur une autre souffrance, toute particulière, une souffrance humaine intolérable que j’aimerais attirer votre attention et solliciter votre réaction la plus prompte.
Depuis des années des enfants sahraouis marocains sont arrachés dès leur 8 ème ou 9 ème anniversaire à leur terre et à leurs familles et envoyés à Cuba en particulier à ''l'Ile de la Jeunesse'' à partir des camps de Tindouf en Algérie. Ils y demeurent durant de longues années coupés de leurs racines historiques et affectives.
Théoriquement, ces enfants sahraouis sont envoyés à Cuba par le « Polisario » pour la poursuite de leur éducation et de leur formation. Mais, en réalité, leur déportation n’a de but que d’exercer un contrôle étroit sur les camps de Tindouf et de pratiquer un chantage honteux sur les familles qui y sont retenues contre leur volonté.
Leur formation n’a de contenu que la fabrication de bombes et le maniement des armes. L’enseignement qu’ils subissent n’a pour finalité que de « faire d'eux des propagandistes et des espions ». Employés dans les usines de la Havane, ou dans les champs de tabac ou de canne à sucre des campagnes cubaines, ils sont victimes des formes d’exploitation les plus intolérables. Plusieurs de ces enfants sont morts à cuba et leurs corps se trouvent toujours sur place, au grand désespoir de leurs familles installées de force à Tindouf.

Monsieur le président,
Cette situation dramatique que vivent des milliers d’enfants sahraouis sur le sol cubain a ému l’opinion internationale et a suscité sa réprobation. Elle a été évoquée plusieurs fois devant la Commission Européenne (Bruxelles) et lors des sessions annuelles de la Commission des droits de l'homme de l'Organisation des Nations Unies.
Des ONG indépendantes à vocation humanitaire, culturelle ou religieuse ont alerté l’opinion mondiale sur leur sort et appelé à leur libération rapide et leur retour à leurs familles et à leur mère patrie, le Maroc. Les témoignages de personnes qui ont vécu de longues années, jusqu’à 15 ans, à Cuba à « l’Ile de la Jeunesse », montrent bien l’étendue de ce drame humain et l’ampleur de la souffrance qu’elles ont endurée sur place.

Monsieur le président,
C’est au nom de centaines de familles sahraouies, de parents qui souffrent de l’éloignement de leurs enfants que je vous adresse, à l’occasion de votre élection à la présidence de l’Etat Cubain, cette supplique sollicitant votre intervention afin de mettre un terme à ce système de déportation qui n’a que trop duré. Il constitue une honte inqualifiable pour tous ceux qui s’y prêtent et représente une atteinte aux droits fondamentaux de ces enfants et cela en totale infraction avec les principes proclamés par l'ONU et par toutes les chartes des droits humains.
Permettre aux enfants sahraouis marocains de retrouver leurs proches et leur mère patrie, rendre aux familles retenues à Tindouf les corps de ceux qui sont morts sur place c’est faire, Monsieur le président, preuve de bonté et de justice, c’est accomplir un acte historique qui vous honorera et donnera à votre gouvernance un retentissement et une aura internationale incomparables.

Que Dieu accorde au peuple Cubain ami paix et prospérité et qu’Il bénisse ce geste humanitaire et cet acte de justice que vous ne manquerez pas d’accomplir en ordonnant la libération rapide et inconditionnelle de ces enfants sahraouis au grand bonheur de leurs familles et à la grande satisfaction de tous les défenseurs des droits humains dans le monde.


Mohammed MRAIZIKA (Chercheur en Sciences Sociales et en Droit International Humanitaire, Consultant, Directeur du ICLH, Président d’almohagir)

Copies adressées ce jour
- à son Excelentísimo Señor Rogelio SÁNCHEZ LEVIS
Ambassadeur de Cuba en France
16 rue de Presles - 75015 Paris

- Monsieur José Manuel Barroso
Président de la Commission européenne,
1049 Bruxelles, Belgique
- Monsieur Khalihenna Ould Errachid
Président du Conseil Royal Consultatif des Affaires SahariennesBoulevard Ain Khalouiya, rue Ibnou Lwalid, N° 9Rabat, Maroc

- AMNESTY INTERNATIONAL
Secrétariat international, 1 Easton StreetLondon WC1X 0DW, Royaume-Uni

- Human Rights Watch6 rue des Graviers92521 Neuilly CedexFrance
- Human Rights Watch350 Fifth Avenue, 34th floorNew York, NY 10118-3299 USATel: 1-(212) 290-4700, Fax: 1-(212) 736-1300

18 février 2008

Le CSCME : causes et conséquences de la colère MRE



















Dévoilée un jour de fête (îd al-adha) la composition du CSCME n’a pas entraîné l’enthousiasme et l’adhésion des grands jours. Bien au contraire, les réactions qu’elle a suscitées sont plutôt marquées par le mécontentement et la colère.
Mais, plus que les causes de cette colère il convient aujourd’hui d’envisager rapidement ses conséquences car comme le rappelle un vieux proverbe « Les conséquences de la colère sont beaucoup plus graves que ses causes » (Marc Aurèle, 161-180)
A- Les causes de la colère MRE
La colère est, généralement, le produit de sentiments négatifs, tels que l'insatisfaction, l’injustice, la frustration, la déception ou encore l’indignation.
A première vue, les nombreuses réactions suscitées par le dévoilement de la composition du CSCME cumulent tous ces ingrédients. Et c’est, à priori, normal, car quoi de plus naturel, de plus humain et de plus compréhensible que des militants, des dirigeants associatifs, voire même certains membres du défunt Comité d’experts du CCDH, se sentent à la lecture de la liste des membres du CSCME, abusés, frustrés, lésés ou même trahis.
Toutefois, analysée avec le recul nécessaire, la colère ressentie par les MRE ce 21 décembre 2007, qui est salutaire en soi, s’inspire principalement de deux sentiments forts : la déception et l’incompréhension

1- la déception
C’est la première impression qui ressort de la lecture des écrits qui se sont répandus sur la toile ou de l’examen des différents débats et rencontres qui ont eu lieu un peu partout en Europe ces derniers temps.
Ces écrits et ces débats sont marqués par l’amertume et la déception. En effet, car pour beaucoup de leurs auteurs, cette belle et prometteuse idée (création d’un CSCME) à laquelle les MRE ont tellement cru, qu’ils attendaient ardemment, a été dévoyée, détournée de ses objectifs premiers et enfin de compte réduite à sa plus simple expression : un Comité d’Experts.
Justifiée ou pas, cette vision et cette grille de lecture critique s’expliquent d’abord par le fait que l’écart entre l’espoir formidable né des discours de SM le Roi et la formule proposée ce 21 décembre apparaît si grand.
Vu sous cet angle, le résultat final qui surprend et déconcerte par certains de ces aspects, ne semble pas 1) répondre aux attentes et aspirations des MRE en matière de représentation politique et institutionnelle et 2) n’apparaît pas conforme aux exigences et recommandations fixées par les discours royaux qui ont donné du CSCME une vision plus claire et plus séduisante.

Cette distance entre le rêve et la réalité dévoilée ce 21 décembre 2007, cet écart entre l’image idéalisée du CSCME et sa traduction dans les faits, constituent donc le fondement même de la déception et du mécontentement MRE. Combler cette distance n’est sans doute pas chose aisée. Mais, l’enjeu en vaut la chandelle.

- Est-ce pour autant la fin d’un espoir ?
C’est l’idée d’ « un tour pour rien» que retiennent les plus farouches opposants au CSCME version CCDH. Ne l’oublions pas. Les MRE ont placé beaucoup d’espoir dans le CCDH à qui SM le Roi a confié une mission claire et précise. Ils ont approuvé ce choix et ont su préserver leur confiance dans cette institution honorable en dépit des soubresauts, des maladresses, des erreurs méthodologiques et stratégiques qui marquèrent le processus de consultation.
Le CCDH représentait à leurs yeux un gage de transparence et de sérieux, deux qualités devenues indispensables au regard des enjeux qu’il comporte, pour garantir l’événement d’un CSCME représentatif, proche des MRE, capable d’apporter de vraies réponses à leurs attentes.
Comment pouvait-il en être autrement car toutes les tentatives visant à rendre effectif l’accès des MRE à une citoyenneté participative, pleine et entière, ont lamentablement échoué. Car à force de jongler avec les concepts savants et les stratégies, à force de manœuvres dilatoires, les autorités en charge des affaires MRE se sont éloignées des réalités du terrain n’accomplissant en fin de compte aucune avancée tangible en la matière.
C’est pourquoi, l’avènement du CSCME était tant attendu et espéré et c’est probablement ce qui explique pourquoi la déception est aujourd’hui si forte dans les rangs des MRE.
Les critiques et les réactions négatives qui prolifèrent depuis le 21 décembre 2007 sur le net ou dans le cadre de débats publics n’ont pas toutes pour visée finale de contrarier l’installation du CSCME, mais de pointer des doigts les dérives qui risqueraient de le vider de tout son sens.
De même, les ONG qui n’ont cessé, tout au long du processus de consultation, d’appeler à la vigilance, de tirer le signal d’alarme et de rendre public la moindre des imperfections et dérives de ces consultations n’agissaient pas par pur souci de nuire, mais par souci de sauver de l’échec ce même processus.
Considérer ces réactions et ces critiques comme seulement «nuisibles» ou quantité négligeable serait assurément une véritable erreur de jugement et, pire encore, la plus mauvaise façon de préparer l’avenir des relations des MRE avec le CSCME.
Il faut donc, sans finasser ni tergiverser, mettre en œuvre les moyens les plus appropriés pour rassembler les ONG sur de vraies idées et chercher sérieusement les voies les plus loyales pour raviver l’espoir et redonner confiance aux MRE.

2- L’incompréhension
Ce qui marque également les nombreuses déclarations qui ont vu le jour ces derniers temps c’est l’incompréhension.
En effet, différentes questions liées directement aux modalités de composition du CSCME, à ses prérogatives et missions restent sans réponses ce qui favorise la méfiance et la suspicion. Les moyens mobilisés par le CCDH et le temps investi dans cette affaire du CSCME restent aux yeux des contradicteurs disproportionnés. De même, les missions dévolues au CSCME semblent éloignées des vraies préoccupations des MRE.
A cette liste de reproches s’ajoutent des appréciations négatives concernant les motivations essentielles qui ont déterminé le choix des membres du CSCME et dicté la méthode de travail du CCDH. Favoritisme, copinage, « discrimination positive », déséquilibre géographique, non-conformité avec les principaux critères fixés par les discours royaux, tels sont les termes qui agrémentent la plupart des réactions hostiles.

Par manque d’information et à défaut d’une communication pertinente, la rumeur qui s’est propagée (salaire du président et rémunération des membres du CSCME) continue à alimenter les discours et les écrits favorisant par la même la polémique et creusant un peu plus chaque jour la distance entre le CSCME et la base MRE.
Mais, une fois ce constat négatif est annoncé tout n’est pas réglé pour autant. Reste en effet à préserver l’essentiel : la réussite de l’expérience elle-même.

- 37 boucs émissaires:
Depuis le 21 décembre, les 37 premiers membres du CSCME sont placés sous les feux de la rampe. Malheureusement, cette exposition ne semble pas tourner à leur faveur. Une espèce de loupe implacable s’acharne à grossir leurs défauts et souligner une certaine « erreur de casting ».
En somme, ces premiers membres occupent dans la polémique engendrée par leur nomination, le rôle de boucs émissaires. Pourtant, ils n’ont pas tous démérité. Ils ne méritent pas tous d’être jetés en pâture à l’opinion MRE et reniés de la sorte.
L’engagement de certains d’entre eux dans le champ associatif au service des MRE est ancien, effectif et, par conséquent, respectable. Les qualités intellectuelles de certains membres sont également confirmées. Et il serait donc injuste et discourtois de les charger de toutes les insuffisances de la formule proposée ou de les rendre responsables des lacunes et imperfections du travail final du CCDH.
Certes, nombreux sont ceux qui pensent que « la représentation tant souhaitée n’aura pas lieu ! ». Et ils n’ont pas tord. C’est l’évidence même compte tenu de la méthode adoptée pour assurer la composition du CSCME. Il va de soit que ces 37 membres ne peuvent en aucune manière prétendre représenter les MRE dans leur grande diversité.
Certes, l’émergence soudaine dans le champ MRE de certaines personnes dont les faits d’armes au service des MRE sont inexistants, mais propulsés membres du CSCME, fausse toutes les données du problème. Mais cela ne doit pas servir de prétexte pour prêcher une remise en cause, en terme de crédibilité et de légitimité, de l’ensemble de l’équipe ou du CSCME lui même.
Ce qu’il faut surtout espérer aujourd’hui c’est que l’expérience des uns, l’audace et le sérieux des autres priment sur le reste (la figuration, l’incompétence, l’opportunisme, la dépendance) et permettent à la nouvelle institution de remplir convenablement ses missions afin de ne pas sombrer dans l’anonymat comme le furent la plupart des Conseils créés ces 20 dernières années.

- un tour pour rien
C’est ce que semblent suggérer certains écrits ou débats qui ont vu le jour ces dernières semaines en mettant en exergue l’idée que ce CSCME est un Comité d’Experts dont l’action n’engage aucunement les MRE. Certains vont même jusqu’à prôner une opposition radicale qui consiste à faire l’impasse sur cette expérience et travailler à l’avènement d’un autre CSCME réellement représentatif et entièrement consacré aux problèmes des MRE.
C’est au fond un appel à peine déguisé du boycott du CSCME version CCDH.

Cette posture qui porte en elle les germes de la division et de l’échec se réfère à un ensemble de considérations disparates et de sentiments diffus, liés aux imperfections et lacunes constatées telles que la durée du mandat accordé au CSCME (4 ans), aux déséquilibres que représente sa composition et à ses orientations.
- Avons-nous besoin de quatre longues années supplémentaires pour identifier les attentes et les revendications MRE ?
- Si oui, à quoi ont servi les 4 séminaires et les nombreuses rencontres organisées par
le CCDH dans le cadre du processus de consultation ?
- Que sont donc devenues les centaines de questionnaires reçus par le CCDH ?
- Tout ce travail préliminaire qui a mobilisé des moyens humains et financiers importants n’a t-il donc servi à rien ?
C’est ce type de questions qui alimente les débats et les écrits.

Il est donc urgent d’essayer (le CSCME) d’apporter des réponses satisfaisantes aux différentes questions posées afin surtout de dissiper ce malaise ambiant et réduire ce malentendu général. Les dernières interventions du président du CSCME ont certes permis de clarifier certaines choses (rémunération des membres du CSCME) et préciser quelques uns des objectifs du CSCME. Mais, cet effort d’explication et d’information auquel se sont joints, à juste titre d’ailleurs, d’autres membres du CSCME doit se poursuivre afin de renouer tous les fils du contact avec la base.

B- Les conséquences de la colère,
Le mécontentement qui se manifeste dans les rangs des MRE depuis le dévoilement de la composition du CSCME, a des conséquences prévisibles et des effets insoupçonnés.

- la division des MRE
Dans l’ordre du prévisible il faut inscrire le risque de voir la communauté MRE divisée en clans, en chapelles associatives, entre défenseurs et adversaires du CSCME. Ce risque est en effet réel et il ne faudrait surtout pas le minimiser.
Ceux qui, même aujourd’hui, accusent vertement le Comité d’«Experts » du CCDH d’avoir « tout fait pour diviser les rangs associatifs » pendant la phase de consultation n’en démordent pas. Ils continuent à mettre en avant la (mauvaise) volonté délibérée de certains de ces « Experts » d’exclure des ONG (indépendantes) pour couper court à leurs critiques (leur concurrence) et à leur participation aux différentes phases du processus de consultation.
Vrai ou faux, simples allégations ou arguments de fond, le fait est que ces critiques, ce malaise, ces soupçons risquent de laisser des traces dans les relations des membres du CSCME (et du CCDH) avec de nombreuses ONG et d’influer ainsi d’une manière négative sur le bon déroulement de son travail.
Il est donc primordial de privilégier l’apaisement, de renouer les liens du contact avec les ONG sans exclusive, d’engager les médiations nécessaires afin de permettre à cette expérience politique et institutionnelle d’atteindre ses buts.

- Marginalisation du CSCME
Les appels au boycott qui se multiplient, les pétitions qui circulent sur le net, les centaines de lettres de protestation qui s’accumulent sur les bureaux des consulats ou adressées à Rabat, n’augurent rien de bon quant à la qualité et la fluidité des rapports du CSCME avec la base MRE.
En Belgique, en Allemagne, en France comme au Pays Bas et en Espagne c’est le même son de cloche avec une tonalité négative: le CSCME est considéré comme « dénué de toute représentativité, éloigné des recommandations royales, des aspirations MRE et, par conséquent, ne mérite ni l’adhésion ni le soutien MRE….. » (Citation).
Cependant, dans tous ces pays, ceux qui prônent la marginalisation du CSCME perçu comme un simple Conseil d’experts « sans âme et sans contenu » insistent d’une manière claire sur une donnée essentielle : le strict respect de la décision royale (création d’un CSCME) et l’attachement aux termes des discours historiques de SM le Roi qui ont défini clairement à la fois la finalité du CSCME et précisé les critères de sa composition et la nature de ses missions.
Ces slogans et cette posture indiquent bien le sens des prochaines initiatives et la nature des rapports entre leurs promoteurs et le CSCME.

- désintérêt pour la chose publique
Le désintérêt des MRE pour la chose publique et politique de leur pays d’origine.
représente une conséquence non moins importante de la colère MRE. C’est la plus risquée.
Un seul chiffre donne la mesure du problème posé : plus 420 000 MRE (France + Belgique + Pays Bas +Espagne) ont la double nationalité. Ces MRE, toutes générations confondues, sont fiers de leur origine et fortement attachés à leurs racines. Beaucoup d’entre eux ont acquis grâce à leur participation à la vie publique de leur pays d’accueil, en qualité d’électeurs ou d’élus, un savoir et d’un savoir-faire incontestables en matière de pratique politique et électorale. Leur apport au débat politique national ne peut être donc que positif et leur participation au processus de modernisation des institutions politiques nationales ne peut être qu’utile.

Mais essayons d’imaginer un instant les conséquences du désintérêt de ces milliers de MRE pour la chose publique sur la vie économique du pays!!!
Presque toutes formules présentées dans le cadre du processus de consultation ont insisté sur cette donne en accordant très clairement au CSCME un rôle majeur et une place de choix dans la défense et la promotion des droits politiques et civiques des MRE.
En effet, le CSCME y était perçu comme une étape importante dans la mise en place de mécanismes favorisant la participation des MRE à la vie politique nationale et permettant l’exercice effectif de la citoyenneté. Car c’est de cela dont il s’agit réellement.

Réduire le CSCME à la réunion d’un groupe « d’experts » chargés de rendre des consultations annuelles, l’orienter délibérément vers des questions qui relèvent du domaine d’attributions d’autres institutions (Fondations, Ministère des MRE…), c’est le ramener à la fonction peu enviable d’un simple doublon ; c’est lui mettre en fin de compte des boulets au pied et ainsi contrarier lourdement sa marche.

Conclusion :
Il est sans doute trop tôt pour juger de la pertinence et de la justesse des choix qui ont été faits par la commission du CCDH, quant aux premières nominations et au modèle de CSCME proposé. Ces choix ont probablement des justifications et des explications que seule la commission du CCDH est capable de fournir.
De même, il serait prématuré de prédire l’avenir du CSCME et de dire d’ambler :
- que le rendez-vous avec l’histoire fut raté.
- que les MRE ont hérité d’un Conseil sans âme et sans contenu
- que la représentation tant souhaitée n’aura pas lieu !
- que le CSCME version CCDH constitue un retour en arrière,
- que l’équipe actuelle sera incapable « d’écarter les menaces d’une division prévisible entre la communauté des CME et entre celle-ci et le politique ».

En tout état de cause, et compte tenu d’enjeux majeurs et de défis importants, il serait irresponsable de rester inerte, de cautionner les dérives ou de soutenir une institution, fusse le CSCME, qui ne remplit pas les critères de compétence, de transparence et de démocratie attendus. Mais, il serait aussi irresponsable, au regard du rôle fondamental que le CSCME pourrait jouer dans la promotion d’un vrai processus de participation des MRE à la vie publique de leur pays et de défense (y compris les pays d’origine) de leurs intérêts majeurs de verser dans la critique et l’hostilité systématiques.

La raison doit donc l’emporter sur la colère, le débat constructif doit primer sur la polémique centrée sur la composition du CSCME et non sur la « meilleure manière » de rendre effective, décisive et pertinente son action future.
Apporter un soutien conditionnel au CSCME fait de vigilance et de propositions pertinentes c’est, certes, un moindre mal, mais un mal nécessaire.
Ce débat sur le CSCME est en tout cas salutaire et nécessaire. Il doit absolument se poursuive au-delà des divergences du moment afin de sauver cette expérience de l’échec et afin d’ouvrir devant le CSCME des perspectives plus réjouissantes.….

Mohammed MRAIZIKA (Chercheur en Sciences Sociales/Consultant/ Président d’almohagir)