30 décembre 2006

La Fédération Mondiale du Judaisme Marocain










La Fédération Mondiale du Judaisme Marocain

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Conseil Consultatif des Droits de l’Homme
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Amsterdam, le 20 December 2006


Objet: Conseil Supérieur des MRE


Messieurs,

Nous avons été informé, par nos compatriotes Musulmans, de la tenue, à Rabat, les 8/9/10 décembre 2006, d'une conférence sur la communauté Marocaine résidant à l'étranger, sous l'égide et avec le soutien massif du CCDH.

La Fédération Mondiale du Judaisme Marocain – representant des 2.000.000 Juifs Marocains à 90 Sections et 33 organisations en Maroc, Israel et aux travers du monde, qui a toujours manifesté son attachement à son identité Marocaine et aux valeurs et fondements sacrés du Royaume, qui exprime à chaque occasion son soutien franc et total à l'intégrité téritoriale du Royaume, s'intéroge et s'inquiète, comme la grande majorité du monde associatif marocain à l'étranger sur le sens et les raisons de son exclusion de la rencontre de Rabat.

Nous pensons avoir une place et un role à jouer à coté de nos frères Musulmans pour réussir la transition démocratique et les projets mis en oeuvre par sa Majesté et dans le débat sur le Conseil Supérieur des Marocains de l'Etranger.

Veuillez recevoir, Messieurs, l’hommage de tout notre respect.




Shimon Bornstein,
Délégué de la
Fédération Mondiale du Judaisme Marocain
auprès les Institutions de l’Europe

Le CCDH et les MRE : entre confiance et suspicion













La décision de SM le Roi de confier au CCDH la mission de « mener les consultations nécessaires pour la mise en place du CSCME » est perçue par beaucoup de MRE comme une solution de sagesse. Ils y voient une manière judicieuse de faire sortir le dossier CSCME des labyrinthes de départements ministériels embourbés dans des stratégies indéchiffrables et de l’éloigner d’officines partisanes hantées par des préoccupations électoralistes à courte vue.
Cela dit, des questions de fond restent posées :
Est-ce que le « faire » et le « savoir faire » du CCDH sont plus efficients que « le faire » du gouvernement et le « savoir faire » des partis politiques qui n’ont pas su gérer la question de la représentativité institutionnelle et politique des MRE. le CCDH trouvera t-il le cadre, les méthodes, le discours, la volonté et l’énergie nécessaires pour sortir le dossier du CSCME de l’impasse ?
A priori, il n’y a aucune raison de douter de la capacité des membres du CCDH, de trouver les solutions les plus réalistes et les plus justes pour favoriser la mise en place d’un Conseil incontestable à la hauteur des espérances des MRE.
La présence à la tête de cette institution d’une éminente personnalité, M. Driss Benzekri, qui a montré dans d’autres circonstances un attachement indéfectible aux valeurs de liberté et de justice et a fait preuve d’une admirable volonté dans la gestion d’un dossier éminemment plus difficile (IER), ne peut être qu’un atout majeur en faveur d’une gestion rationnelle et transparente du dossier CSCME. Cette présence c’est aussi, pour les MRE, un gage de confiance.
Il nous semble, par conséquent, assez difficile d’imaginer un instant que les membres du CCDH soient tentés, de quelque manière que soit, de verser dans le favoritisme et le clientélisme et de prendre ainsi le risque de décevoir à la fois la confiance que SM le Roi leur a témoigné et l’espoir que placent les MRE dans la mise en place d’un Conseil véritablement représentatif.
Toutefois, force est de constater que les premiers actes du CCDH et les premières déclarations de certains de ses membres laissent perplexes. Ils donnent quelques frayeurs et sueurs froides aux MRE.
Lorsqu’une association MRE (AMOME), tire le signal d’alarme pour dire que « les principes de neutralité et de pluralisme sont bafoués » ce n’est certainement pas par pur caprice de MRE. Elle ne fait que traduire une inquiétude légitime partagée par une majorité de nos compatriotes surpris de voir des « clubs », des « ONG » et même des individus « squatter » les coulisses du CCDH et, comble de l’imposture, se substituer à eux pour parler en leur lieu et place sans vergogne ni retenue.
Ce qui semble aujourd’hui conforter ce sentiment de doute et cette inquiétude c’est probablement la multiplication de « signes négatifs » en provenance de Rabat, donnant l’impression que les jeux sont faits et que le reste ne sera que saupoudrage.
En effet, quand le CCDH entoure de « faveurs » et de sollicitations bienveillantes quelques associations « bien choisies » au détriment des autres et quand le nom même du futur président du CSCME est annoncé avant que débutent les fameuses consultations invoquées par le CCDH, les MRE ne peuvent que se poser des questions et douter.
Lorsque l’association AMOME qualifie cette manière de « faire » et de voir les choses comme « un acte discriminatoire dont est victime l’ensemble du monde associatif de notre communauté », elle n’a pas tort, car c’est précisément ce que pensent des centaines d’associations qui, se sentant ignorées, envisagent de recourir à d’autres formes de contestation (le boycott), voire solliciter l’arbitrage de SM le Roi.
Et quand M. Abbas Bouderka déclare que le CCDH est disposé à " étudier toutes les idées et propositions qui lui sont soumises », les MRE ne sont pas pour autant rassurés. Car ce qu’ils constatent réellement, avec amertume, c’est qu’aucune décision sérieuse n’a été prise par le CCDH pour rendre possible la circulation de ces idées et la présentation de ces propositions.
C’est un fait, les différents gouvernements n’ont pas su (ou pu), depuis 1992, trouver la bonne méthode pour approcher la question de la représentativité politique et institutionnelle des MRE. Toutes les tentatives ont échoué.
Aujourd’hui, la balle se trouve, par la volonté de SM le Roi, dans le camp du CCDH. Les MRE sont donc en droit de demander à son président et à ses membres de rentrer sérieusement dans le vif du sujet en engageant rapidement les consultations qui s’imposent.
Effectivement, pourquoi continuer à travailler dans l’opacité et laisser la rumeur s’étendre et le doute s’installer ?
La question de l’exercice des droits civiques des MRE est une question de droit et une affaire d’égalité devant la citoyenneté (cf. dernier livre de M. A. Benlgendouz) qui concerne plus de 3 millions de marocains. Ce droit et cette égalité ont été solennellement annoncés par SM le Roi à différentes reprises. Où est donc le problème ?
Soyons donc tous transparents et audacieux. Utilisons les méthodes les plus éprouvées pour résoudre cette « affaire » et sortir définitivement le dossier CSCME de l’impasse.
Adoptons, s’il le faut pour gagner du temps et économiser les énergies, les méthodes utilisées par la commission de l’IER pour collecter les témoignages des victimes des années de plomb.
Optons, si ces formules ne conviennent pas, pour la procédure des auditions publiques. Que le CCDH laisse les associations les plus sérieuses venir à Rabat lui présenter des projets. Qu’il leur donne l’occasion de défendre ces projets devant lui publiquement. Ou bien, que les membres du CCDH prennent l’initiative de venir sur le terrain pour rencontrer les MRE et pour écouter leurs doléances.
Le CCDH n’a finalement que l’embarras du choix. Il peut même, s’il le souhaite et afin d’éviter toute suspicion, utiliser des procédures qui ont fait leurs preuves dans le domaine économique en particulier celles utilisées pour l’attribution des marchés publics. Rien ne l’empêche aujourd’hui de lancer un appel d’offre ouvert sur le thème de la création d’un CSCME et prendre le temps nécessaire pour consulter les « soumissions » présentées par des experts et des associations crédibles.
Allons plus loin encore dans ce raisonnement qui se veut franc et direct, car le moment est grave et la question mérite que nous la posions avec tout le sérieux requis : pourquoi ne pas prendre les mesures les plus strictes pour « dissuader » tous ces opportunistes et ces « affairistes » qui s’agitent, en particulier à Rabat, et tentent d’accaparer le CSCME ?
Pourquoi, n’allons nous pas jusqu’au bout de notre volonté de finir avec tous ces maux (clientélisme, corruption, passe droit) qui entravent l’évolution de notre société et empêchent la modernisation et la démocratisation de notre vie publique et politique ?
Soyons moins complaisants avec tous ces individus sinistres, ces amicales surannées et ces « ONG » fantoches qui ne représentent qu’eux-mêmes, qui n’ont de rapports avec les MRE que virtuels et « affairiste » qui harcèlent le CCDH et hantent les antichambres des cabinets ministériels dans le seul but de s’assurer des places dans le futur CSCME.
Que dire de ces associations qui, comme « ahl al-kahf », sont sorties de leur longue hibernation et leur long silence pour découvrir éberluées la question de la représentativité MRE et qui occupent aujourd’hui tout l’espace médiatique ? Que penser de ces « ONG » qui ont émergé dans le champ associatif tel Zorro aux cris de c’est nous ou le déluge, qui se targuent du sigle d’ONG et qui encombrent, sans retenue, les boites mail de centaines de MRE ou de cabinets ministériels ?
Il n’y a pas de doute. Les membres du CCDH ne sont pas dupes. Ils savent très bien que tout ce sait. Ils savent aussi qu’on ne peut cacher le soleil avec un tamis, qu’on ne peut berner les MRE indéfiniment et que la vérité finit toujours par triompher.
C’est indiscutable, les MRE accordent une confiance sans limite à SM le Roi Mohamed VI. Aujourd’hui, ils sont disposés à faire confiance au CCDH. Ils comptent véritablement sur l’expérience de son président, sur la compétence de ses membres, sur leur discernement pour séparer le grain du livré.
Les membres du CCDH savent très bien que s’ils se laissent abuser par des « clubs » ou par des pseudos « ONG » ils prendraient le risque de gâcher tout ce capital de confiance. Les MRE n’accepteront pas d’être, une fois de plus, les dindons de la farce. Autrement dit, être écartés des décisions les concernant au profit de structures ou d’individus, qui, fondamentalement et historiquement, ne présentent qu’eux-mêmes. Et encore !
Il va sans dire que cette farce a assez duré. Le dossier de la participation politique des MRE a traversé toutes les alternances politiques et a connu les revirements les plus spectaculaires (16 juin 2006) et les plus surprenants. Son arrivée au CSDH n’est pas le fruit du hasard. Elle émane d’une initiative royale et d’une volonté sincère qui consiste à rendre justice à la communauté des MRE dans sa diversité et dans le respect de sa contribution au progrès économique et social de notre pays.
Le CCDH ne peut aujourd’hui ignorer cette réalité comme il ne peut ne pas prendre en considération la volonté des MRE de participer à la vie politique de leur pays et leur désir de contribuer directement aux consultations et travaux visant la mise en place de leur propre Conseil.
En somme, une hirondelle ne fait pas le printemps et une rencontre à Rabat, même avec le soutien du CCDH et la bénédiction d’un parti politique et d’un ministre, ne peut en aucune manière satisfaire au manque de consultation et de concertation pointé du doigt par les MRE.
La consultation c’est la clef de la réussite. La consultation n’est ce pas l’essence même de la mission que SM le Roi a confiée au CCDH ?

Mohammed Mraizika
Chercheur en Sciences Sociales et en droit International Humanitaire.
Président d’almohagir .

Le Maroc est-il disposé à résoudre les problèmes des Marocains de l’étranger ?

La question que nous nous posons aujourd’hui revêt une importance majeure pour beaucoup de marocains de l’étranger qui ont choisi et réussi une intégration économique et sociale dans le pays d’accueil sans rompre leur lien profond avec leur pays d’origine.



Il s’agit généralement de familles multiculturelles fondées à la suite de ce que l’on appelle communément un mariage mixte. Ces familles regroupent naturellement les époux et leurs enfants.
A côté des mariages classiques entre des marocains et leurs épouses de confession chrétienne ou juive, nous trouvons également, et bien évidemment, les mariages entre des marocaines et leurs époux étrangers de confession musulmane ou reconvertis à l’Islam.
S’agissant des premiers, force est de rappeler que certains couples choisissent, lors du mariage, de porter en même temps leurs deux noms de famille, ce qui est parfaitement valable juridiquement dans beaucoup de pays d’accueil. En plus, les enfants nés de ce mariage peuvent porter deux prénoms en rapport avec la double culture de leurs parents. Mieux encore, parvenu à un certain âge, l’enfant peut renoncer au prénom octroyé et revendiquer un autre de son choix. Dans tous ces cas, l’enfant sera toujours considéré comme étant aussi marocain.
La question qui se pose - et se posera avec insistance dans les années à venir - est celle de savoir si notre parlement a songé à adapter notamment les lois marocaines relatives à la nationalité et à l’état civil à cette réalité sociale de dimension internationale, sans parler des dispositions législatives relatives au domicile et à la résidence contenues dans le code de procédure civile.
A en juger par le retard considérable enregistré dans l’exécution par les instances administratives compétentes de la décision royale annoncée dans le discours du trône du 30 juillet 2005, de conférer à l’enfant le droit d’obtenir la nationalité de sa mère marocaine, tout porte à penser que la reconnaissance par le législateur marocain des droits sociaux et culturels des nouvelles générations de marocains de l’étranger se heurtera sans doute à d’innombrables résistances, dont celle du parti islamiste marocain que les sondages américains donnent favori aux prochaines élections électorales.
Convient-il de rappeler que le Souverain est intervenu, lors du discours du 30 juillet 2005, soit depuis maintenant un an et demi , pour trancher définitivement la question qui était jusque là pertinente de conférer à l’enfant le droit d’obtenir la nationalité de sa mère en ces termes :
Soucieux de toujours répondre aux préoccupations réelles et aux aspirations légitimes et raisonnables de tous les citoyens - qu’ils résident au Royaume ou à l’étranger -, Nous avons décidé, en Notre qualité de Roi-Commandeur des Croyants (Amir Al-Mouminine), de conférer à l’enfant le droit d’obtenir la nationalité marocaine de sa mère.
On constate aisément que cette décision royale se réfère, et donc se fonde sur les pouvoirs conférés au Roi par l’article 19 de la Constitution du Royaume. Elle est devenue ainsi une décision définitive qui s’impose constitutionnellement aux pouvoirs législatif, exécutif, et judiciaire.
Juridiquement, l’enfant né d’une mère marocaine et d’un père étranger est censé avoir la nationalité marocaine depuis le discours du 30 juillet 2005 dans la mesure où les décisions royales rendues, dans des domaines spécifiques, sur la base de l’article 19 de la Constitution tiennent lieu de loi.
En fait, le discours royal sur cette question précise comporte trois volets :
Le premier, d’ordre constitutionnel, concerne la décision prise par le Souverain de conférer à l’enfant le droit d’obtenir la nationalité marocaine de sa mère. L’expression est sans équivoque : "Nous avons décidé".
Le deuxième, d’ordre juridique, est relatif au traitement des demandes d’obtention de la nationalité marocaine présentées par ces derniers. En voici les termes : [...] Nous donnons Nos instructions au gouvernement pour qu’il procède diligemment au parachèvement de la procédure de traitement et d’approbation des demandes d’obtention de la nationalité marocaine, qui remplissent toutes les conditions juridiques requises [...].
Il va sans dire que le Souverain a bien précisé que ces demandes doivent remplir toutes les conditions juridiques requises. Or, compte tenu de la valeur juridique de la décision royale de " conférer à l’enfant le droit d’obtenir la nationalité marocaine de sa mère ", laquelle, convient-il de le rappeler, se fonde sur les prérogatives conférées au Roi par l’article 19 de la Constitution, cette décision fait désormais forcément partie des règles juridiques applicables en la matière. Autrement dit, le traitement des demandes d’obtention de la nationalité marocaine à un enfant né d’une mère marocaine doit se référer tant à l’article 19 de la Constitution qu’à la décision royale du 30 juillet 2005 prise dans le cadre de son application, et non plus sur les seules dispositions du code de la nationalité. En attendant que ce dernier soit rénové conformément à la décision royale, qui a une valeur constitutionnelle.
Le troisième volet, d’ordre politique, concerne la réforme envisagée dans son ensemble, laquelle nécessite évidemment des études, discussions, et démarches préalables telles celles, évoquées par le quotidien marocain "Le Matin" dans son édition du 26 décembre 2006, relatives à la levée des réserves du Maroc au sujet de plusieurs articles de la Convention onusienne par l’élimination de toutes les formes de discriminations contre les femmes", et bien sûr toutes les autres étapes requises pour l’adoption d’une loi nouvelle.
D’où l’importance de ne pas confondre entre les trois volets du discours royal. Autrement dit, une décision administrative qui ne répondrait pas favorablement à une demande d’attribution de la nationalité marocaine sur la seule base de l’article 19 de la Constitution et de la décision royale du 30 juillet 2005 prise dans le cadre de son application serait juridiquement entachée d’excès de pouvoirs et susceptible d’être attaquée devant le tribunal administratif. Selon une jurisprudence marocaine constante, les tribunaux ne peuvent remettre en cause une décision royale prise sur la base de l’article 19 précité.
Mais, la question qui se pose est surtout de savoir si nos concitoyens de l’étranger auront aussi souvent besoin de combats judiciaires longs et coûteux pour faire valoir leurs droits sociaux et culturels dans leur pays d’origine. La question se posera avec plus d’acuité si le parti islamiste participe au prochain gouvernement qui sera nommé après les élections de 2007.

Abdelfattah Bennaouar

La montagne qui va accoucher d’une souris

Opinion:

Al Monadara : La montagne qui va accoucher d’une souris

Ayad Ahram

Militant des droits de l'homme (Maroc)

Les 8, 9 et 10 décembre 2006 Rabat accueille le « débat transnational » dans le cadre du collectif Al Monadara. Une occasion en or pour la MAP ( Agence de presse étatique ) de coller à l’actualité. Il ne faut pas être journaliste-médium pour prédire ce qu’écrirait la MAP à l’occasion du 58ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme. Voici par anticipation à quelques mots près ce qu’on pourrait lire par exemple dans les journaux officiels et semi-officiels du Maroc :
« Pour commémorer la journée internationale des droits de l’Homme, le Maroc et à travers le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme (CCDH) accueille les 8, 9 et 10 décembre 2006 à Rabat ses compatriotes résidant à l’étranger venus par centaines de plusieurs pays d’Europe pour participer à la conférence nationale sur les réalités de l’émigration marocaine. Au cours de cette conférence, appelée de ses vœux par l’Instance Equité et Réconciliation dans ses recommandations faites au CCDH, les participants ne manqueront pas de souligner l’attention toute particulière que le souverain, dans ses discours à la nation a porté à leur égard en terme de participation future aux échéances nationales ou encore à la constitution d’un Haut Conseil de
la Communauté Marocaine à l’Etranger (HCCME)……. »
Elle ne dira par contre pas un mot sur les sit-in organisés ici et là par l’AMDH, le FMVJ, la Coordination contre la hausse des prix, sur l’initiative de la famille El Manouzi ou encore sur le rassemblement appelé par plusieurs associations (AMF, APADM, ASDHOM, ATMF, FVJ-France, Institut Mehdi Ben Barka….) sur le parvis des droits de l’Homme à Paris pour exiger la vérité sur tous les disparus dont le sort demeure inconnu. Et pour cause. Dans le premier cas, le CCDH y est associé. Il y a été même de sa poche ou plutôt de la poche du contribuable. Le financement des billets d’avion et l’hébergement a été pour l’essentiel pris en charge par le CCDH. Directement ou indirectement, des voix parmi celles qui ne sont pas invitées se sont élevées pour réclamer le même traitement et elles ont bien raison sur le principe. Pour préparer cette manifestation somme toute importante, des rencontres voire même des contacts au plus haut niveau ont été nécessaires.
Dans les autres cas, l’approche politique et philosophique est tellement loin de celle choisie par l’IER pour solder un passif lourd qu’ils n’auront peut-être pas droit de cité.
Rappelons les faits et le contexte.
Dès le discours à la nation du 6 novembre 2005 où le Roi Mohamed VI a promis à ses « sujets » installés à l’étranger la participation au vote, le droit de se présenter aux élections ou encore la constitution d’un Haut Conseil de la Communauté Marocaine
à l’Etranger (HCCME) pour les associer à la gestion de la vie publique au Maroc, quelques personnalités, bien inspirées, agissantes au sein de l’immigration marocaine aux Pays-Bas, en Espagne, en Belgique et en France notamment se sont emparées du dossier pour mettre en avant une revendication aussi légitime qu’historique que réclamaient haut et fort les associations démocratiques issues de l’immigration marocaine. Je ne veux parler ici de ces quelques arrivistes démasqués sortis par la grande porte et qui saisissent l’occasion pour revenir par la petite fenêtre en parlant au nom de « structures représentatives » des marocains à l’étranger telles que le Congres de Saïd Cherchira, le Conseil mondial, le Conseil des marocains en France et que sais-je encore ?

Il s’agit d’apporter quelques éléments d’analyse pour bien apprécier les tenants et les aboutissants de l’initiative qui porte le nom d’Al Monadara portée par des militants acquis à la cause aussi bien des citoyens marocains à l’étranger que des citoyens de l’intérieur.
Une effervescence va secouer le milieu associatif marocain en Europe à commencer par les Pays-Bas où un certain 17 décembre
2005 a réuni, à l’initiative de EMCEMO ou plutôt d’Abdou Menebhi de EMCEMO quelques représentants (très initiés) d’associations venues de France, de Belgique et d’Espagne pour discuter du discours royal et de lancer ce qu’ils ont appelé « le débat transnational ».

Un appel, une sorte de charte fondatrice, a été signé pour donner naissance au collectif « Al Monadara ». Il reprend à son compte les cinq recommandations faites par l’IER concernant les communautés marocaines à l’étranger et on peut y lire exactement :
« Sous le titre "consolidation et respect des droits et des intérêts des communautés marocaines à l'étranger" (livre I page 123 et livre IV page 93 et), l'IER propose dans son rapport final 5 recommandations relatives à l'immigration marocaine :

1. Se félicite de la demande faite par SM le Roi Mohamed VI au gouvernement de garantir la pleine et entière participation des émigrés marocains aux prochaines échéances électorales nationales, ainsi que l'institution d'un Conseil Supérieur des Marocains vivants à l'étranger.

2. Estime que l'élaboration d'une nouvelle politique respectueuse des droits et des intérêts des communautés marocaines implantées à l'étranger exige un processus large de concertation entre le futur Conseil, l'ensemble des associations et acteurs des dites communautés et le gouvernement. Celui-ci peut notamment se concrétiser par une conférence nationale sur les réalités de l'émigration marocaine.

3. Demande en attendant le gel de la participation des amicales qui ont un rôle ou un autre dans les atteintes aux droits des migrants marocains dans toute institution publique ou parapublique.

4. Recommande la création d'un musée national de l'émigration, retraçant la contribution de la diaspora marocaine à l'histoire nationale.

5. Recommande au Comité chargé du suivi de la réparation de veiller à la solution des cas de nationaux, réfugiés à l'étranger, et qui n'ont pas encore regagné la terre natale, notamment en aidant à la résolution des problèmes administratifs qu'ils peuvent rencontrer. »

Ceci explique cela. Il ne faut pas s’étonner de lire dans le même appel d’Al Monadara que « l’enjeu est essentiel car il y va de l’avenir de notre communauté installée à l’étranger et de son rôle dans la consolidation du processus de démocratisation de la société marocaine ». Ou encore que « sur le plan matériel, on ne cesse de répéter que les citoyens marocains à l’étranger constituent, depuis longtemps, la première ressource financière pour l'économie marocaine fragilisée. On peut espérer que le processus démocratique ainsi assuré dans un état de droit marocain, favorisera encore plus l’apport financier des Citoyens de la communauté marocaine à l'étranger ». L’éloge de l’approche officielle de la question de l’immigration marocaine bat son plein quand, s’agissant de favoriser la participation des migrants dans le développement social, économique et politique de leur pays d’origine, il est noté qu’ « aujourd'hui cette approche est de plus en plus reconnue et encouragée par les instances politiques tant celles des pays d'origine que celles des pays d'accueil. Il convient d'apprécier judicieusement et posément les opportunités attendues et de préciser les modalités de sa mise en pratique ». Et si à cela j’ajoute que l’appel en question considère les problèmes rencontrés par les marocains de l’étranger et les relations conflictuelles entre eux et leur pays d’origine comme de simples et malheureux « malentendus et questionnements », la messe est dite. Dès lors qu’on inscrive cette démarche dans la ligne proposée par l’IER, on peut tout mettre en branle pour arriver à ses fins. Les animateurs du collectif Al Monadara ont mis en place un calendrier très étoffé de rencontres-débats pour convaincre et sensibiliser sans oublier les conférences de presse dans les grands hôtels de Rabat. Les arguments sont rodés. Les tenants de cette stratégie nous ont « bourrés le crâne » avec leurs « la nature a horreur du vide », « il faut être constructif » ou encore « la chaise vide ne profite qu’à l’adversaire car les absents ont toujours tort ». Une course effrénée aux strapontins est donc lancée au point que l’un des animateurs d’Al Monadara en l’occurrence Abdou Menebhi des Pays-Bas, appuyé par El Biyouki d’Espagne et Boukerna de Belgique s’est permis d’entreprendre des démarches (rencontres avec El Himma, Chekrouni, des députés…etc.) et de prendre des décisions sans consulter le reste du Collectif. Des membres du secrétariat se sont élevés contre ces pratiques en mettant en avant le manque de transparence et la précipitation dans la prise de décisions. Les premières pommes de discorde sont donc apparues. C’est d’autant plus légitime que le groupe n’est pas homogène et chacun y va de sa petite stratégie.
Le débat de fond :
Les revendications de l’immigration marocaine exprimées à travers ses associations démocratiques sont multiples. Pour répondre à une partie d’entre elles le Roi du Maroc a, dans son discours du 6 novembre 2005, décidé d’octroyer le droit de vote et d’éligibilité ainsi que la constitution d’un HCCME. Ce qui est frappant dans l’expérience d’Al Monadara est que l’essentiel du débat est mené sur le seul niveau du HCCME. Le niveau de la participation aux échéances électorales nationales quant à lui est relégué au second plan. Dans presque toutes les publications qui ont circulé sur le net (Appel, comptes-rendus de rencontres, article de presse,…etc.) on ne parle que de grands principes généraux et surtout des détails techniques d’organisation de telle ou telle rencontre. Le principe de la participation au HCCME étant donc acquis. Les grands dossiers thématiques sur l’immigration marocaine peuvent donc attendre. Peut-être que les journées annoncées des 8, 9 et 10 décembre nous surprendront-elles ? Ceci étant, une chose est sûre. Un comité scientifique d’Al Monadara était mis en place pour recevoir les propositions et les réflexions sur toutes les thématiques relatives à l’immigration marocaine. A ma connaissance, une seule participation lui est parvenue ; celle de Boukerna. Il s’agit d’une proposition de loi portant création du HCCME et de sa composition. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Un peu de temps après, un avant projet de dahir portant création du HCCME émanant de madame la ministre Nouzha Chekrouni est publié sur le net et où il parait clairement que les places réservées aux associations de l’immigration ne sont pas de par leur nombre à la hauteur des ambitions et espoirs nourris par les uns et les autres. La réponse de Mohammed Moubaraki de France en charge du comité scientifique ne s’est pas faite attendre. Il écrit aux autres membres du secrétariat ceci :
« Si c'est ce texte d'avant projet de dahir, que nous avons reçu, qui va être mandaté par le roi, je vous dis d'avance que ne n'est pas la peine de courir comme les lapins et de prendre son temps, comme la tortue, pour organiser les choses comme prévu ».
Peu avant les vacances d’été 2006 les responsables marocains décident de revenir sur leurs positions relatives à la représentation des marocains à l’étranger et ajournent toute décision à une date non définie. Les conditions n’ont peut-être pas été réunies pour garantir le déroulement des opérations sans y laisser des plumes. D’aucuns disent que le PJD allait rafler la mise au niveau de la communauté marocaine à l’étranger. La tournée en Europe de son représentant El Otmani a-t-elle été si efficace au point de faire trembler tout un système ?
Les choses sont restées en gestation. Les contacts ne se sont pas arrêtés pour autant. Driss El Yazami, ancien membre de l’IER, pressenti président du futur HCCME a entamé des entretiens en vue d’une composition sur mesure.

Le 6 novembre 2006 et lors de son discours à la nation, le Roi Mohammed VI revient sur ce dossier et décide de le traiter en plusieurs étapes. Il accorde dans un premier temps et ce dès les échéances de 2007 le droit de vote aux marocains de l’étranger à condition qu’ils rentrent l’exercer au Maroc. Exit donc les circonscriptions dans les pays d’accueil. Il confie ensuite au CCDH la mission d’entamer des contacts avec les concernés en vue de la formation du HCCME. Il édictera le dahir portant création de ce conseil et nommera ses membres sur proposition du CCDH le moment qu’il jugera opportun.

Pendant ce temps là, les choses bougent au sein du collectif Al Monadara. Quelques nouvelles recrues ont rejoint le collectif. Il s’agit des jeunes de l’UJEM derrière leur chef de file Samad Filali, allié récent d’Al Wasl (proche de l’USFP) qui comme par hasard multiplie les initiatives ces derniers temps (Mailing fréquent).
Les dernières rencontres du collectif notamment celle du 14 octobre à Paris et celle du 28 octobre à Bruxelles ont été mouvementées. Elles ont vu s’affronter deux visions. Celle qui est portée par ceux qui dès le début ont voulu presser le pas pour accéder à ce HCCME. Abdou Menebhi, Boukerna et El Biyouki ne s’en cachaient pas. Ils seront fort probablement nommés par le Roi pour aller à l’instar de Driss Benzekri répandre la bonne parole et vanter les mérites de notre « démocratie ». La deuxième vision soutenue par des militants aguerris, responsables d’associations ayant une légitimité historique telles que l’ATMF.
Cette vision a réussi non sans mal à imposer un certain code de conduite en élargissant le secrétariat du collectif et surtout en adoptant le principe de « convention de partenariat » qui est censée déterminer les responsabilités, les devoirs et les prérogatives des uns et des autres. Les tenants de cette vision ont une approche plus globale du dossier de l’immigration qui dépasse le simple cadre de la participation au HCCME. Quel mode de représentativité sera choisi pour ce haut conseil ? Les associations de défense des intérêts des marocains de l’étranger y exerceront-elles un vrai contrôle ? Les accords bilatéraux qui gèrent l’immigration marocaine seront-ils un jour revisités ? Y sera-t-il possible un jour d’ouvrir le dossier des amicales pour mettre à nu leur rôle dans la répression politique qui s’est abattue sur les militants démocratiques installés à l’étranger ?
Entendra-t-il les doléances des victimes du passé et du présent ? Fera-il des recommandations pour établir les responsabilités et engager des poursuites à l’encontre des commanditaires ou se contentera-t-il de demander aux marocains de l’étranger de se réconcilier avec leur histoire et de tourner la page comme l’a fait l’IER ?
Autant de questions et plus encore sont posées. Trouveront-t-elles des réponses lors de la conférence des 8, 9 et 10 décembre à Rabat ? Une chose est sûre : ces journées verront se confronter les deux approches. L’approche qui prône la vérité, l’établissement des responsabilités, la lutte contre l’impunité et la culture des droits humains qui englobe ceux des migrants triomphera-t-elle ? Pas si sûr malheureusement. Le Maroc n’est pas encore prêt à s’assumer. Les responsables marocains vont peut-être écouter nos sirènes mais ils ne les entendront pas. Le HCCME est en route. Il nous sera livré dans peu temps. Une énième coquille vide nommée à l’instar d’autres conseils consultatifs. Ceux qui auraient souhaité honnêtement peser de l’intérieur auront tout de même essayé. Que les scientifiques se rassurent. Leur expérience de la cloche vide où tout poids est anéanti a encore de beaux jours devant elle.
Cette grande montagne où des sons de cloche se seront exprimés accouchera d’une petite souris. Grandira-t-elle un jour ? C’est là toute la question.
Suit…
http://www.almonadaramag.canalblog.com/

28 décembre 2006

Sondage


Je vous invite à participer à notre sondage...
1. Etes-vous d'accord pour que le CCDH continue ses consultations avec les MRE?
2. Etes-vous d'accord pour qu'un non MRE préside le Conseil supérieur de la Communauté marocaine à l'étranger ?
3. Etes-vous d'accord pour qu'une femme MRE préside le Conseil supérieur de la Communauté marocaine à l'étranger?
4. Etes-vous d'accord pour que le CCDH publie les détails du budget dépensé lors de la tenue de la rencontre d'Al Monadara dans la presse marocaine également?Ou uniquement sur le site du CCDH?
5. Est-ce que les femmes et les hommes MRE doivent se présenter sur une liste unique, à chaque fois lors des élections au Maroc 2007?

Envoyer votre réaction à:
admin@yenoo.be et plateforme-mre@planet.nl

Merci pour votre participation
La Rédaction

عيد مبارك وعام سعيد

14 décembre 2006

Communiqué de Presse

Extrait du discour royal du 6 novembre 2006:
((A cet égard, Nous avons décidé de confier au Conseil consultatif des Droits de l'Homme -institution nationale plurielle et indépendante, chargée, entre autres missions que Nous lui avons assignées, de défendre les causes des Marocains résidant à l'étranger- le soin de mener de larges consultations avec toutes les parties concernées en vue d'émettre un avis consultatif concernant la création de ce nouveau Conseil, qui se doit d'allier, dans sa composition, les exigences de compétence, de représentativité, d'efficacité et de crédibilité.))
La PlateForme Intercontinentale des MRE a posé une demande d'audiance chez le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme depuis le mois de novembre 2006 pour discuter les moyens de financier le debat national sur les MRE que nous allons organiser prochainement au Maroc.le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme a choisi la politique d'exclusion et Nous n'avons reçu aucune réponse sur notre demande.
Nous constatons avec regret que le Conseil Consultatif des Droits de l’Homme ait choisi son camp en finançant alMonadara,Il s’agit là d’un acte discriminatoire dont est victime l’ensemble de notre communauté marocaine vivant à l'etranger.
La PlateForme Intercontinentale des MRE a decidé de reporter le debat national à une date ultérieure.