Les représentants des ressortissants marocains aux Pays-Bas s'approprient le débat sur la double nationalité à laquelle s'oppose le gouvernement de leur pays de résidence.
Première à monter au créneau pour dénoncer l'intention du gouvernement hollandais visant à interdire la double nationalité, dont bénéficient quelque 227.692 ressortissants d'origine marocaine : la Plateforme intercontinentale des MRE, basée aux Pays-Bas. Celle-ci vient de déposer une plainte auprès de la commission européenne contre l'Etat néerlandais pour discrimination à l'égard de citoyens néerlandais originaires du Maroc.
Dans une lettre adressée à José-Manuel Barroso, président de la Commission européenne, le président de cette association, Jamal Eddine Ryane, rappelle que ce pays a déjà fait l'objet d'un avertissement pour discrimination.
«La nationalité marocaine relève de la souveraineté d'un Etat indépendant, en l'occurrence le Maroc, non membre de l'UE, et donc, la Hollande viole, outre la Charte fondamentale des droits européens, le droit international également», explique-t-il. Egalement déposée auprès du Conseil de l'Europe, la plainte corrobore ainsi une position officielle marocaine des plus fermes, principe de l'éternelle allégeance oblige, et donne un écho populaire à la réaction du gouvernement contre ce qu'il a qualifié d'opération «d'amputation» des Marocains de leurs origines.Tout a commencé quand le ministre néerlandais de la Justice a récemment remis cette option sur le tapis au Parlement de son pays, en déclarant qu'un projet de loi était en préparation dans ce sens. «En cela, le ministre a essayé de calmer certaines voix, notamment celles des députés de la droite, qui voient en tout immigré ou citoyen portant une autre nationalité, plus particulièrement celle d'un pays musulman, un facteur de blocage au développement du pays et une source d'inquiétude», a expliqué Abou Menebhi, à la tête du centre Emcemo, une des principales associations des Marocains d'Amsterdam. Pour lui, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Ce projet n'est ni plus ni moins qu'un effet d'annonce qui, même s'il fait son entrée au Parlement, ne passera jamais. Amen !
Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos