Déception, amertume, indifférence,… autant de termes qui peuvent traduire le sentiment de la diaspora marocaine suite à la décision prise par les pouvoirs publics d’accorder le droit de vote (et l’éligibilité) aux Marocains du monde, mais sous conditions Tout d’abord, tout citoyen marocain installé à l’étranger et désireux de participer activement à la vie politique doit impérativement être inscrits sur les listes électorales (en fonction du lieu d’origine de ses parents).
Puis, le jour du vote, ils devront être présents sur le territoire national pour remplir leur devoir civique à savoir mettre bulletin dans l’urne.Pour « justifier » cette décision, l’Etat a mis en avant les difficultés liées à l’organisation d’élections dans les différents pays de résidence et la logistique qui s’impose. « C’était trop à mettre en place. Imaginez la mobilisation humaine et matérielle nécessaire à la tenue de bureaux de vote dans l’ensemble des antennes consulaires répertoriées dans le monde » précise Nezha Chekrouni, ministre déléguée chargée de la communauté marocaine installée à l’étranger. Pour autant, le message a eu des échos à la fois divers et variés. En effet, il y deux « catégories » de MRE.
Ceux qui se montrent particulièrement intéressés pour jouer un rôle (politique, économique, social) dans leurs pays d’origine (où celui de leurs parents voire grands-parents pour la 3 et 4ème générations, en particulier). Et ceux qui sont sensibles à tout ce qui touche de près ou de loin le Maroc, mais qui demeurent désintéressés quant à une implication « citoyenne » au Maroc, et ce pour des raisons diverses
En clair, les Marocains du monde, nouvelle tendance, sont relativement divisés sur la question de l’exercice d’une citoyenneté pleine au Maroc, comme du reste une catégorie de la population marocaine. « Voter, s’exprimer politiquement, sans avoir vécu et sans ambitionner de vivre au quotidien dans un pays, est vide de sens et de cohérence. Ou on décide de s’installer durablement au Maroc, et là, la question de la citoyenneté ne se pose plus. Ou on opte pour une citoyenneté par procuration et on l’assume en tant que tel », indique Ayoub Skouma, un MRE installé en région parisienne. D’ailleurs, celui-ci ne participera pas aux élections législatives du 7 septembre prochain. « Je n’ai pas fait la démarche de m’inscrire sur les listes électorales du fait de l’éloignement géographique et d’un certain désintérêt de la chose politique au Maroc. Pour la seule et bonne raison que je ne connais pas les partis politiques en présence, leurs idéologies, les hommes et les femmes impliqués, la carte et le fonctionnement de l’appareil politique » ajoute-t-il.
Et ils doivent certainement être nombreux dans son cas.
La Nouvelle Tribune - Rachid Hallaouy