18 février 2007

CCDH et MRE : enfin du concret




Il n’y a pas de doute, le CCDH a finalement réussi à mettre les « bœufs devant la charrue » rompant ainsi avec les hésitations et les tensions des premiers jours. Il s’est donné un calendrier, une méthode de travail et des objectifs précis car, et c’est la moindre des précautions, « on ne prend pas la mer sans cap ».

Résumons un peu la situation. En novembre 2006, le CCDH reçoit de SM le Roi la mission de « mener les consultations nécessaires pour la mise en place du CSCME ». Cette décision a surpris plus d’un observateur. Les pragmatiques y ont vu « une manière judicieuse de faire sortir le dossier CSCME des labyrinthes de départements ministériels » afin de lui donner un maximum de chances de réussir. Les déçus, pour leur part, n’y ont décelé qu’une simple manœuvre dilatoire. Le fait est que les remous qu’ont suscités certaines décisions (nominations, rencontre de Rabat) du CCDH ont confronté les partisans de cette dernière lecture dans leurs convictions.

En effet, les premières initiatives du CCDH, les déclarations de certains de ses membres, le manque de communication, l’opacité dont il a fait preuve durant les premiers mois de sa mission, ont fini par semer le trouble et le doute dans les esprits. Les réactions se sont alors multipliées pour dénoncer un parti pris et des pratiques inacceptables qui tendraient à exclure de la recherche d’une solution équitable et conforme aux aspiration des MRE, la majorité au profit d’une minorité agissante. Le clientélisme, l’absence de concertation et de programme ont été souvent pointés du doigt.

Et puis, vint l’annonce (14/02/07) par le président du CCDH d’un programme de travail conséquent qui aspire à « une concertation aussi large que possible » avec la ferme volonté, souligne M. Driss Benzekri, d’« établir un diagnostic aussi rigoureux que possible des dynamiques et réalités migratoires marocaines afin que la composition du futur Conseil, ses missions et son mode de fonctionnement soient en adéquation avec ces réalités et répondent aux objectifs stratégiques de défendre les intérêts des populations marocaines installées à l’étranger et renforcer leur contribution au développement démocratique du pays » .

Un dispositif assez complet est mis au service de cette ambition. En plus de trois ateliers : "Citoyenneté et participation", "cultures, identités et religion", "contribution des émigrés au développement humain du Maroc", ce dispositif compte l’ouverture d’un site Internet, l’organisation de consultations directes au Maroc et dans les pays de résidence ainsi que des débats médiatisés.

Prenons en donc acte et allons à l’essentiel. Donnons quitus au CCDH et à son président. Faisons lui confiance et essayons tous, sans a priori ni préjugés, de faciliter son travail et soutenir sa démarche. Toutefois, cette posture ne doit pas nous dispenser de l’exercice de notre liberté d’expression, de nous soustraire à notre propre responsabilité ou nous conduire à baisser notre vigilance. « Chat échaudé craint l’eau froide » nous dit un vieux proverbe populaire.

En tout état de cause, la balle est aujourd’hui dans le camp des MRE. La création d’un CSCME sur des bases saines, dans le cadre d’un processus démocratique et transparent, n’est-ce pas ce que nous demandions tous ardemment depuis fort longtemps ? N’avions nous pas proclamé haut et fort que cette création ne peut que servir les intérêts les plus essentiels du Maroc et des MRE, pris dans leur pluralité et leur grande diversité ?

Le moment est donc venu pour les MRE et pour tous ceux qui croient à la légitimité de leur cause de s’impliquer positivement et pleinement dans ce processus engagé par le CCDH et de montrer tout l’intérêt qu’ils portent à une institution, le CSCME, censée mettre des moyens, des projets et des idées au service de leurs revendications.

En choisissant de travailler dans la transparence et de pratiquer la concertation et le dialogue sur des bases claires, le CCDH a fait le bon choix. Il s’est mis dans la bonne direction et a fait honneur aux principes qui justifient et fondent sa propre existence.

Par conséquent, il nous semble aujourd’hui impératif que les principales associations, ONG et personnalités qui ont, depuis des années, à Paris, à Bruxelles ou à Amsterdam, militer farouchement pour que les MRE puissent exercer leurs droits civiques et pour réduire les discriminations (politiques, sociales, culturelles) dont ils font l’objet, notamment dans les pays d’accueil, soient appelées à agir.

Elles doivent assumer leur part de responsabilité en s’impliquant dans ce processus, en proposant des idées fiables et des contributions sérieuses à la hauteur de l’enjeu et de l’événement. De même, elles doivent rapidement engager des actions d’information et de sensibilisation au sein de la communauté MRE afin d’en connaître les attentes, les exigences et les avis sur le sujet.

Le temps de la polémique est derrière nous. Nous sommes rentrés, je l’espère vivement, dans une nouvelle phase de notre combat pour l’égalité, la citoyenneté et l’équité qui exige : a) l’harmonisation des actions des ONG et associations MRE, la coordination de leurs initiatives et de leurs projets, le dépassement de leurs rivalités et b) l’instauration de débats et d’échanges constructifs entre ces ONG et associations et les autres composantes de la société civile et les instances marocaines concernées, en premier lieu le CCDH.
Le but de ce rapprochement indispensable et de ce travail en commun étant d’instaurer la confiance, de gagner du temps, de mettre à profit toutes les compétences et les idées disponibles à l’intérieur comme à l’extérieur de notre pays afin de donner à ce projet de création d’un CSCME toute la crédibilité et toute la légitimé escomptées.

Mohammed Mraizika