Près la moitié des Marocains ont eu au moins un trouble mineur récurrent, parfois sans lendemain (insomnie, angoisse, tic nerveux, dépression…) Ce constat a été révélé lors de la Conférence nationale de la santé mentale et des toxicomanies organisée jeudi 22 février à Rabat. Cette rencontre a été occasion de présenter les principaux résultats de l’enquête nationale sur la prévalence des troubles mentaux dans la population. Réalisée en 2003, cette opération est la première permettant de faire un état des lieu sur la santé mentale et les toxicomanies.
Cette enquête est basée sur un échantillon représentatif général marocain. Elle a été menée auprès de 6.000 personnes âgées de 15 ans ou plus des deux sexes, tirées au sort au niveau des provinces et préfectures du pays. « L’objectif de cette initiative est de connaître les prévalences des troubles des malades mentaux et de l’abus de substances par la population, ainsi que leurs déterminations sociodémographiques », a précisé Fatima A. Souab, chef du service de la Santé mentale au sein du ministère de la Santé. Les travaux de cette enquête ont montré que 26,5% de la population a connu des troubles dépressifs. L’anxiété et les troubles psychotiques ont touchés respectivement 9% et 5,6% des enquêtés.
Dépendances
Pour l’alcool, ils seraient 2% des Marocains à abuse de sa consommation et également 1,4% d’entre eux se trouveraient dans un état de dépendance à cette substance. Les résultats de l’enquête ont montré aussi que l’abus de substance psychoactives est de 3%, alors que la dépendance à celle-ci est de 2,8% dans notre population. Ce qui donne un usage problématique de drogues illicites et un mésusage de substances détournées de leur usage médical (psychotropes).
Facteurs de risque
« Cette situation se traduit par des conséquences néfastes sur les plans psychique, physique, sociologique et judiciaire », rappelle Asouab. « Pour la réalisation de cette enquête, nous avions utilisé le Mini International Neuropsychiatri Interview (MINI), instrument diagnostique standardisé, traduit en arabe dialectal », souligne A. Souab.
Les résultats de cette enquête permettront également d’élaborer une stratégie nationale en matière de santé mentale et de toxicomanie. Dans ce cadre, « des ateliers de validation des études ont été organisés en 2006 », précise Nour Eddine Chaouki, directeur de l’Epidémiologie et de la Lutte contre les maladies au sein du ministère de la Santé publique.
« Quatre axes stratégiques ont été identifiés comme domaines d’intervention en prenant en considération le contexte national, des recommandations internationales et l’expérience des autres pays. Le premier consiste à consolider la prévention primaire et secondaire dans le cadre d’une approche communautaire de proximité. Cela par la réduction des facteurs de risque et la demande en particulier au niveau des jeunes et des femmes.
L’amélioration des soins et de la prise en charge fait l’objet du deuxième objectif de la stratégie. Cela par le développement des techniques de réhabilitation et de réinsertion en responsabilisant tous les acteurs concernés, notamment les départements ministériels et la société civile. Le troisième volet consiste à mettre en place un plan d’action pour réduire les risques à VIH parmi les populations de toxicomanes. Le dernier axe vise à assurer une meilleure connaissance sur les plans quantitatif et qualitatif de l’usage des substances.
L’Economiste - N. E. A.