Les résultats de cette étude sont étonnants car le sentiment de bien-être prévalait autrefois dans les villes francophones. Les Marocains de Rotterdam et d’Anvers se sentent plus heureux que ceux habitant dans des grandes villes francophones comme Bruxelles ou Liège.
Les Marocains de Rotterdam accordent une note de 7,4/10 sur leur bonheur de vivre dans cette ville. Le chiffre est identique à Anvers, selon une enquête de l’Université de Groningue aux Pays-Bas.
Selon les chercheurs Jan Pieter van Oudenhoven et Hilda Lubbers, les résultats sont étonnants car le sentiment de bien-être prévalait autrefois dans les villes francophones.
"Nous avions en effet à l’idée que les Marocains, compte tenu de leur langue et de leur origine culturelle, se sentiraient plus proches du monde francophone", avance le chercheur Jan Pieter van Oudenhoven. "Nous pensions donc que les Marocains à Bruxelles et Liège auraient été plus satisfaits que leurs compatriotes vivant à Anvers et Rotterdam", poursuit-il. Or c’est le scénario contraire qui se dessine. Les Marocains à Anvers et Rotterdam se sentent clairement mieux dans leur peau que les Marocains de Bruxelles et Liège. Dans ces deux villes, les Marocains évaluent leur bonheur de vivre respectivement à 6,4 et 6,2/10.
Bien que les enquêteurs ne s’attendaient pas à de tels résultats, ils y voient tout de même une explication. "Quand ta propre culture présente des similitudes avec la culture dans laquelle tu es immiscé -comme c’est le cas pour les Marocains vivant en Wallonie - tu essayes de t’y fondre et de t’y adapter.
Mais tu n’y parviens jamais complètement et un sentiment de frustration demeure. Si tu n’agis pas de la sorte et que tu restes dans ton propre groupe, tu as moins de frustrations et tu es donc plus heureux", raisonne Jan Pieter van Oudenhoven. "On peut comparer cette situation à la propre frustration que l’on éprouve quand, en tant que Flamand ou Néerlandais, tu parles français à Bruxelles mais ton vis-à-vis te répond en néerlandais parce qu’il remarque que ce n’est pas ta langue maternelle.
On ne ressent par contre pas une telle frustration quand on parle quelques mots d’anglais en Turquie parce qu’on ne connaît de toute façon pas le turc", ajoute-t-il.
Mohamed Chakkar, de la Fédération des associations marocaines, voit une autre explication à cette différence de sentiment de bien-être. "En termes de logement, Bruxelles et Liège ont une image très négative. De nombreuses familles marocaines quittent même Bruxelles pour aller s’établir ailleurs, comme à Renaix. A Anvers, par contre, les immigrés habitent dans de bons quartiers et des logements corrects", indique-t-il.
Pour ce qui est de la discrimination, les quatre villes reçoivent toutes des mauvaises notes. "Au yeux des Marocains, il n’y a pas de différence à ce sujet entre la Belgique et les Pays-Bas", explique encore Jan Pieter van Oudenhoven.
Les chercheurs s’attendaient également à ce que les Marocains de Rotterdam et d’Anvers se sentent moins heureux avec la montée en puissance des partis Leefbaar Rotterdam (NL) et Vlaams Belang. Mais cet effet semble moins fort. "Les Marocains de Rotterdam ont bien remarqué que le parti Leefbaar Rotterdam se comportait autrement maintenant qu’il faisait partie de la coalition, " conclut Jan Pieter van Oudenhoven.