05 juillet 2006

COMMUNIQUÉ APRÈS LA MORT DE DEUX PERSONNES A LA FRONTIERE DU MAROC AVEC MELILLA

Les associations Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA), APDH-Melilla, Prodein (Melilla), Intercultura (Melilla), Comisión Islámica (Melilla), Association Rif des Droits Humains (Nador) et la Féderation Andalucía Acoge voulons de nouveau dénoncer la mort tragique d'au moins deux personnes sur les clôtures de Melilla hier.

Nous voulons en premier lieu nous solidariser avec les victimes, les blessés et toutes les personnes qui tentent d'émigrer, mais qui sont empêchées de le faire de manière légale, et ainsi forcées à émigrer de manière irrégulière, ce qui les mène bien souvent à la mort, comme cela s'est produit avec les 21 cadavres récupérés hier sur les côtes de l'Aioun dans le Sahara.

Nous voulons également exiger des responsabilités concernant ces nouveaux décès.
L'impunité ne peut pas continuer. Nos Associations ont eu un entretien avec l'équipe du Défenseur du Peuple pour exiger son intervention. Elles se sont adressées aux groupes politiques et ont porté plainte devant le Procureur de l'Etat pour réclamer leurs agissements.
Jusqu'à présent les résultats ont été nuls, car en dépit des plus qu'évidentes violations des droits humains et de la législation internationale, les événements d'octobre et de novembre de l'année dernière sont restés impunis. La promesse d'effectuer une recherche exhaustive de la part du président du gouvernement espagnol et du premier ministre marocain lors du Sommet de Séville le 29 septembre dernier, est restée du domaine de la simple rhétorique. Nombre d'entre nous craignent qu'il en soit également ainsi dans ce cas. Nous avons prévu une entrevue avec le Procureur Général de l'État en septembre pour le presser à agir concernant tous ces crimes.

Nous voulons réitérer, comme nous l'avons fait devant le Défenseur du Peuple, que les clôtures, même avec la SIRGA ajoutée, sont conçues pour blesser et tuer. Ce sont des barrières inhumaines et cruelles. Nous pensons qu'aucun contrôle de frontières ne légitime le mépris et la violation des droits humains, comme cela se produit aux alentours des villes de Ceuta et de Melilla.

Nous voulons souligner le triste rôle de gendarme de l'UE qu'effectue le Maroc, tant à l'égard des immigrés sub-sahariens en transit, qu'à l'égard de ses propres citoyens.
Le Maroc, avec davantage de zèle que jamais au service de l'imperméabilisation de frontières, ne doute pas une seconde à utiliser des balles réelles de manière quotidienne contre les migrants, et ce, face à la passivité et la complicité du gouvernement espagnol et de l'UE, avec les résultats dramatiques auxquels nous assistons.

Nous voulons souligner aussi que ces faits se produisent à la veille du Sommet Euro-Africain de Rabat, chapoté par l'Espagne et le Maroc qui traitera de la migration et du développement. Nos Associations évaluent de manière négative ce Sommet, puisqu'il ne prétend qu'à faire pression sur les gouvernements africains, utilisant finalement l'émigration comme marchandise. Le développement ne sera pas prioritaire. Ne seront mises sur la table que des aides ponctuelles, dans certains cas bien symboliques, qui seront utilisées comme chantage et paiement de politiques empêchant l'émigration, c'est-à-dire en violant l'Art. 13 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, pour finalement construire un nouveau rideau de fer, qui empêche les africains de sortir de l'Afrique.

Selon le point de vue de nos organisations, il est nécessaire d'entreprendre une autre voie qui considère le développement de l'Afrique comme prioritaire et comme une question de justice nécessaire ; qui permette aux pays africains de gérer leurs propres ressources, et qui soutient la prise de pouvoir des peuples face à des gouvernements corrompus et antidémocratiques incapables de conduire des changements de futur.
Une autre voie qui analyse la gestion des flux migratoires depuis l'optique des droits et non depuis celle de la contention et de la répression, de telle sorte que l'émigration vers l'Europe soit une possibilité et non plus une route mortelle pour les africains.

Maroc-Melilla-Andalousie 4-7-06

Asociación Pro Derechos Humanos de Andalucía (APDHA), APDH-Melilla, Prodein (Melilla), Intercultura (Melilla), Comisión Islámica (Melilla), Association Rif des Droits Humains (Nador) et Féderation Andalucía Acoge.