Le 6 novembre 2005 au soir, un long cycle d’indécision et d’attentisme est interrompu d’une manière magistrale au profit des MRE qui voient leurs droits de vote et d’éligibilité solennellement affirmés. Justice et considération sont ainsi rendues.
Mais, pour des raisons qui ne sont pas à ce jour toutes compréhensibles ces droits clairement annoncés par SM le Roi sont mis en veilleuse le 16 juin 2006. Ce retour à la case départ et ce flottement surprenant rajoutent à la colère des MRE de la confusion et de la suspicion.
Dans de telles circonstances, soyons magnanimes, rendons à César ce qui lui appartient et allons à l’essentiel : les partis majoritaires ont-ils délibérément dénié aux MRE le droit de vote et d’éligibilité dans le seul but de confisquer les élections de 2007 à leur profit ?
Le gouvernement a-t-il volontairement choisi d’écarter les MRE de ce processus politique pour des raisons objectives ou bien l’a-t-il fait de peur de perdre toute emprise sur une communauté traversée par de réelles mutations et qui aspire de plus en plus à jouer un rôle plus actif dans la gestion des affaires publiques nationales ?
Si aujourd’hui la grande majorité des MRE semble convaincue que la décision d’annulation annoncée le 16 juin 2006 est essentiellement politique, l’examen attentif de l’argumentaire gouvernemental ne manque pas de révéler des éléments objectifs qui plaident en sa faveur.
La participation des MRE aux échéances de 2007 pose certainement de réels problèmes logistiques, techniques, politiques et juridiques. De même, l’organisation des opérations de vote nécessite des moyens considérables. Leur déroulement ne manquera pas de mettre en lumière une multitude de lacunes et de contradictions.
C’est pourquoi, il faut raison garder et éviter de commettre un déni de justice à l’égard du gouvernement et des partis nationaux sous prétexte de dénoncer le déni de droit qu’ils ont commis au détriment des MRE. En effet, il n’et pas exclu que la décision d’annulation soit le résultat d’un constat objectif et d’une volonté sincère dont la finalité première est de donner à la participation des MRE toutes les chances d’aboutir.
Le souvenir de l’expérience de 1986/92 reste encore vivace dans tous les esprits. Se lancer, plus de 15 ans après, dans une opération électorale censée impliquer une communauté de plus de 3 millions d’individus avec ses attentes ses aspirations, ses revendications et ses contradictions, sans préparation sérieuse, sans garanties minimales, c’est aller sûrement droit dans le mur.
Une autre question mérite également d’être soulevée avec objectivité à savoir : les MRE sont-ils aujourd’hui prêts à rentrer dans l’arène politique nationale pour exercer leurs droits de vote et assumer pleinement leurs responsabilités politiques ?
A priori le gouvernement et certains partis nationaux ont choisi leur camp. Le verdict du 16 juin est une réponse sans détour à cette interrogation.
Il n’est donc pas fortuit de s’interroger sérieusement sur ces fameuses faiblesses pointées du doigt par le gouvernement et les partis politiques qui seraient susceptibles d’empêcher la participation des MRE en 2007.
La diversité et le pluralisme qui traversent la communauté des MRE s’imposent aujourd’hui comme une donnée incontournable. Ne pas en tenir compte dans la formulation des modalités liées aux élections futures serait une erreur. De même, la question clef de l’organisation et de l’encadrement de cette communauté ne peut-être évacuée des débats. Les milliers d’associations qui existent aujourd’hui sont fragilisées par des rivalités de toute nature et se révèlent souvent incapables de proposer des projets cohérents prenant en compte les vraies attentes des MRE. A cela s’ajoutent d’autres facteurs d’ordre différent tels que le manque de légitimité de ceux qui prétendent depuis belle lurette (années 80) parler au nom des MRE, les réticences de certains pays d’accueil peu enclins à accepter le principe d’ « une double appartenance » de leurs citoyens ou encore le risque de voir les jeunes générations MRE déserter volontairement le champ politique ou en être délibérément exclues. Tous ces facteurs méritent une attention particulière et nécessite la mise en œuvre de mesures spécifiques.
Est-il besoin ici de revenir des années en arrière pour chercher les causes profondes de ces faiblesses et surtout de la situation chaotique que connaît le milieu associatif depuis des décennies. Les longues années de règne exclusif et catastrophique exercé dans le champ associatif par certaines structures peu crédibles expertes dans l’art de la délation et la recherche systématique de la confrontation, l’usage du dénigrement et de l’exclusion comme seuls moyens d’échange et de débat, ont fini par semer la division et la méfiance au sein de la communauté MRE et creuser des fossés entre ses différentes composantes.
C’est cette politique du « silence complice » et de la « terre brûlée » qui a entravé la modernisation de notre réseau associatif en particulier en Europe, contrarié le renouvellement de nos cadres dirigeants, empêché l’évolution de nos projets et programmes d’actions.
Aujourd’hui nous déplorons tous cet état de fait et nous peinons à le dépasser afin d’instaurer les bases d’une nouvelle confiance. Malheureusement, la décision du 16 juin n’a fait que renforcer le sentiment d’incompréhension et d’injustice ambiant et de rappeler aux MRE de sinistres souvenirs.
Mais, est-ce que ces faiblesses et ces maux sont à ce point irréparables pour réduire définitivement la communauté MRE à l’état de simple « sac de devises » et lui dénier pour toujours toutes autres qualités ?
Est-ce légal et légitime de refuser à cette communauté l’exercice de ses droits politiques et électoraux les plus légitimes sur le seul motif que les conditions logistiques ne sont pas ? Aucune personne censée ne peut cautionner une telle injustice.
Ce qui choque aujourd’hui le commun des MRE, ce n’est pas seulement les considérants de la décision du 16 juin, mais également le fait de voir les leaders des partis politiques marocains sillonner l’Europe pour courtiser et recruter des cadres associatifs, et de les entendre ensuite prétendre que les MRE ne remplissent pas encore toutes les qualités requises pour participer au processus politique de 2007.
Ce qui pose également problème, c’est aussi le fait de constater que les programmes de ces partis sont à cent mille lieues des attentes et doléances des MRE ? Mais, dans l’absolu, toutes ces contradictions sont susceptibles d’être comblées.
Ce qui reste aujourd’hui problématique, c’est le fait de voir les MRE en perte de vitesse par rapport à la dynamique provoquée par le discours de novembre 2005. Soit, ce discours a réparé l’injustice qui les frappait en matière d’exercice de leur citoyenneté marocaine. Mais, au lieu d’assister à l’émergence d’un mouvement d’idées, à un processus général d’organisation des structures associatives et surtout d’élaboration de programmes cohérents, ce sont, au contraire, les réflexions et débats stériles de jadis, les manœuvres de déstabilisation et d’exclusion des années 80 qui ont occupé la scène politique et médiatique à Paris, à Madrid, à Bruxelles comme à Turin.
La surenchère verbale, la prolifération de réunions et les beaux discours qui ont suivi le 6 novembre 2005 ont pollué le débat plus qu’elles n’ont engendré de réelles propositions et de programmes cohérents pour 2007. Le travail de fond (production abondante riche en propositions et concepts originaux sur le thème des droits fondamentaux des MRE) mené depuis 2001 par le Congress et ses Comités Nationaux en particulier en Europe et les initiatives pertinentes du CNMF (Versailles) sont l’arbre qui cache la forêt. Car en dehors de ces deux structures, en tout cas en France, c’est le calme plat.
La réalité c’est que les MRE, fascinés par le discours du 6 novembre 2005, n’ont pas su agir avec pertinence pour prendre rapidement leur destin politique en main. Ils ont cru un moment que les partis politiques qui les courtisaient étaient d’inconditionnels alliés et des défenseurs acharnés de leurs droits. Certains dirigeants associatifs se sont même laissés séduire par le chant des sirènes et ont rejoint les rangs de certains partis dont ils sont devenus des relais fidèles et des porte-parole inconditionnels.
Le choc que les MRE ont subi le 16 juin 2006 les a certainement fortement interpellés, secoués et désarçonnés, mais serait-il assez fort pour les sortir de leur torpeur et de leur ignorance ?
Rendons donc à César ce qui lui appartient, aux MRE se qu’ils méritent et au gouvernement et aux partis nationaux la monnaie de leur pièce.
Les MRE ont besoin aujourd’hui d’une véritable remise en cause : ils doivent comprendre que leurs droits politiques ne seront respectés et leur image valorisée que s’ils changent en profondeur et à condition qu’ils prennent très vite réellement conscience de leur vraie force. Cependant, cette force qui est multiple et diverse (politique, culturelle, sociale, financière, électorale) ne pourra se révéler dans toute sa plénitude que si les MRE sont mieux organisés et rassemblés dans des structures indépendantes, démocratiques et véritablement représentatives avec des projets cohérents.
Aujourd’hui, après la secousse du 16 juin, ils doivent se ressaisir, laisser leur rancunes et leur doute au placard et choisir les voies les plus nobles, les plus sûres pour prouver qu’ils sont, où qu’ils soient, fiers d’être citoyens marocains, prêts à revenir chez eux forts de leur expérience, de leur savoir et leur compétences pour créer, pour innover et pour construire un Maroc moderne.
Ils doivent montrer avec la même rigueur qu’ils sont disposés à défendre leur langue et leur culture d’origine afin de consolider les attaches historiques et affectives de leurs enfants avec leurs régions et leur pays.
Ils doivent montrer aussi qu’ils sont capables d’investir, de lutter contre l’habitat insalubre, de permettre au projet « Maroc 2010 », à « l’initiative Humaine », au projet « FINCOME » et aux recommandations de l’IER de se réaliser et d’atteindre leurs objectifs respectifs.
Ils doivent, enfin, se rassembler dans des structures fiables, modernes pour mieux coordonner leurs actions et mieux assurer la défense de leurs causes nationales les plus légitimes.
Mais, ils ne doivent surtout pas oublier d’exercer l’un de leurs devoirs majeurs, à savoir œuvrer pour l’intégration (par l’école, l’université, l’entreprise ou le sport) de leurs enfants dans les sociétés d’accueil afin qu’ils puissent remplir pleinement leur rôle de citoyens responsables, respectueux des lois et porteurs d’espoir, de valeurs de paix et de tolérance.
Mais, pour que cette force tranquille et plurielle puisse agir efficacement ici et là- bas, il est de l’intérêt de tous (pays d’accueil comme pays d’origine) de permettre aux MRE d’exercer leurs droits politiques et civiques les plus élémentaires et les plus légitimes. Ceux annoncés dans le discours de SM le Roi du 6 novembre 2005 (droit de vote et d’éligibilité) constituent indéniablement le socle le plus essentiel sur lequel viendront s’ajouter tous les autres.
Rien n’est encore définitif. Tous les espoirs sont encore permis et le prochain discours de SM le Roi (fin juillet) à ne pas en douter, remettra avec sagesse et équité les choses à leur juste place.
Mohammed MRAIZIKA : chercheur en Sciences Sociales et en Droit International Humanitaire / Président d’almohagir
Mais, pour des raisons qui ne sont pas à ce jour toutes compréhensibles ces droits clairement annoncés par SM le Roi sont mis en veilleuse le 16 juin 2006. Ce retour à la case départ et ce flottement surprenant rajoutent à la colère des MRE de la confusion et de la suspicion.
Dans de telles circonstances, soyons magnanimes, rendons à César ce qui lui appartient et allons à l’essentiel : les partis majoritaires ont-ils délibérément dénié aux MRE le droit de vote et d’éligibilité dans le seul but de confisquer les élections de 2007 à leur profit ?
Le gouvernement a-t-il volontairement choisi d’écarter les MRE de ce processus politique pour des raisons objectives ou bien l’a-t-il fait de peur de perdre toute emprise sur une communauté traversée par de réelles mutations et qui aspire de plus en plus à jouer un rôle plus actif dans la gestion des affaires publiques nationales ?
Si aujourd’hui la grande majorité des MRE semble convaincue que la décision d’annulation annoncée le 16 juin 2006 est essentiellement politique, l’examen attentif de l’argumentaire gouvernemental ne manque pas de révéler des éléments objectifs qui plaident en sa faveur.
La participation des MRE aux échéances de 2007 pose certainement de réels problèmes logistiques, techniques, politiques et juridiques. De même, l’organisation des opérations de vote nécessite des moyens considérables. Leur déroulement ne manquera pas de mettre en lumière une multitude de lacunes et de contradictions.
C’est pourquoi, il faut raison garder et éviter de commettre un déni de justice à l’égard du gouvernement et des partis nationaux sous prétexte de dénoncer le déni de droit qu’ils ont commis au détriment des MRE. En effet, il n’et pas exclu que la décision d’annulation soit le résultat d’un constat objectif et d’une volonté sincère dont la finalité première est de donner à la participation des MRE toutes les chances d’aboutir.
Le souvenir de l’expérience de 1986/92 reste encore vivace dans tous les esprits. Se lancer, plus de 15 ans après, dans une opération électorale censée impliquer une communauté de plus de 3 millions d’individus avec ses attentes ses aspirations, ses revendications et ses contradictions, sans préparation sérieuse, sans garanties minimales, c’est aller sûrement droit dans le mur.
Une autre question mérite également d’être soulevée avec objectivité à savoir : les MRE sont-ils aujourd’hui prêts à rentrer dans l’arène politique nationale pour exercer leurs droits de vote et assumer pleinement leurs responsabilités politiques ?
A priori le gouvernement et certains partis nationaux ont choisi leur camp. Le verdict du 16 juin est une réponse sans détour à cette interrogation.
Il n’est donc pas fortuit de s’interroger sérieusement sur ces fameuses faiblesses pointées du doigt par le gouvernement et les partis politiques qui seraient susceptibles d’empêcher la participation des MRE en 2007.
La diversité et le pluralisme qui traversent la communauté des MRE s’imposent aujourd’hui comme une donnée incontournable. Ne pas en tenir compte dans la formulation des modalités liées aux élections futures serait une erreur. De même, la question clef de l’organisation et de l’encadrement de cette communauté ne peut-être évacuée des débats. Les milliers d’associations qui existent aujourd’hui sont fragilisées par des rivalités de toute nature et se révèlent souvent incapables de proposer des projets cohérents prenant en compte les vraies attentes des MRE. A cela s’ajoutent d’autres facteurs d’ordre différent tels que le manque de légitimité de ceux qui prétendent depuis belle lurette (années 80) parler au nom des MRE, les réticences de certains pays d’accueil peu enclins à accepter le principe d’ « une double appartenance » de leurs citoyens ou encore le risque de voir les jeunes générations MRE déserter volontairement le champ politique ou en être délibérément exclues. Tous ces facteurs méritent une attention particulière et nécessite la mise en œuvre de mesures spécifiques.
Est-il besoin ici de revenir des années en arrière pour chercher les causes profondes de ces faiblesses et surtout de la situation chaotique que connaît le milieu associatif depuis des décennies. Les longues années de règne exclusif et catastrophique exercé dans le champ associatif par certaines structures peu crédibles expertes dans l’art de la délation et la recherche systématique de la confrontation, l’usage du dénigrement et de l’exclusion comme seuls moyens d’échange et de débat, ont fini par semer la division et la méfiance au sein de la communauté MRE et creuser des fossés entre ses différentes composantes.
C’est cette politique du « silence complice » et de la « terre brûlée » qui a entravé la modernisation de notre réseau associatif en particulier en Europe, contrarié le renouvellement de nos cadres dirigeants, empêché l’évolution de nos projets et programmes d’actions.
Aujourd’hui nous déplorons tous cet état de fait et nous peinons à le dépasser afin d’instaurer les bases d’une nouvelle confiance. Malheureusement, la décision du 16 juin n’a fait que renforcer le sentiment d’incompréhension et d’injustice ambiant et de rappeler aux MRE de sinistres souvenirs.
Mais, est-ce que ces faiblesses et ces maux sont à ce point irréparables pour réduire définitivement la communauté MRE à l’état de simple « sac de devises » et lui dénier pour toujours toutes autres qualités ?
Est-ce légal et légitime de refuser à cette communauté l’exercice de ses droits politiques et électoraux les plus légitimes sur le seul motif que les conditions logistiques ne sont pas ? Aucune personne censée ne peut cautionner une telle injustice.
Ce qui choque aujourd’hui le commun des MRE, ce n’est pas seulement les considérants de la décision du 16 juin, mais également le fait de voir les leaders des partis politiques marocains sillonner l’Europe pour courtiser et recruter des cadres associatifs, et de les entendre ensuite prétendre que les MRE ne remplissent pas encore toutes les qualités requises pour participer au processus politique de 2007.
Ce qui pose également problème, c’est aussi le fait de constater que les programmes de ces partis sont à cent mille lieues des attentes et doléances des MRE ? Mais, dans l’absolu, toutes ces contradictions sont susceptibles d’être comblées.
Ce qui reste aujourd’hui problématique, c’est le fait de voir les MRE en perte de vitesse par rapport à la dynamique provoquée par le discours de novembre 2005. Soit, ce discours a réparé l’injustice qui les frappait en matière d’exercice de leur citoyenneté marocaine. Mais, au lieu d’assister à l’émergence d’un mouvement d’idées, à un processus général d’organisation des structures associatives et surtout d’élaboration de programmes cohérents, ce sont, au contraire, les réflexions et débats stériles de jadis, les manœuvres de déstabilisation et d’exclusion des années 80 qui ont occupé la scène politique et médiatique à Paris, à Madrid, à Bruxelles comme à Turin.
La surenchère verbale, la prolifération de réunions et les beaux discours qui ont suivi le 6 novembre 2005 ont pollué le débat plus qu’elles n’ont engendré de réelles propositions et de programmes cohérents pour 2007. Le travail de fond (production abondante riche en propositions et concepts originaux sur le thème des droits fondamentaux des MRE) mené depuis 2001 par le Congress et ses Comités Nationaux en particulier en Europe et les initiatives pertinentes du CNMF (Versailles) sont l’arbre qui cache la forêt. Car en dehors de ces deux structures, en tout cas en France, c’est le calme plat.
La réalité c’est que les MRE, fascinés par le discours du 6 novembre 2005, n’ont pas su agir avec pertinence pour prendre rapidement leur destin politique en main. Ils ont cru un moment que les partis politiques qui les courtisaient étaient d’inconditionnels alliés et des défenseurs acharnés de leurs droits. Certains dirigeants associatifs se sont même laissés séduire par le chant des sirènes et ont rejoint les rangs de certains partis dont ils sont devenus des relais fidèles et des porte-parole inconditionnels.
Le choc que les MRE ont subi le 16 juin 2006 les a certainement fortement interpellés, secoués et désarçonnés, mais serait-il assez fort pour les sortir de leur torpeur et de leur ignorance ?
Rendons donc à César ce qui lui appartient, aux MRE se qu’ils méritent et au gouvernement et aux partis nationaux la monnaie de leur pièce.
Les MRE ont besoin aujourd’hui d’une véritable remise en cause : ils doivent comprendre que leurs droits politiques ne seront respectés et leur image valorisée que s’ils changent en profondeur et à condition qu’ils prennent très vite réellement conscience de leur vraie force. Cependant, cette force qui est multiple et diverse (politique, culturelle, sociale, financière, électorale) ne pourra se révéler dans toute sa plénitude que si les MRE sont mieux organisés et rassemblés dans des structures indépendantes, démocratiques et véritablement représentatives avec des projets cohérents.
Aujourd’hui, après la secousse du 16 juin, ils doivent se ressaisir, laisser leur rancunes et leur doute au placard et choisir les voies les plus nobles, les plus sûres pour prouver qu’ils sont, où qu’ils soient, fiers d’être citoyens marocains, prêts à revenir chez eux forts de leur expérience, de leur savoir et leur compétences pour créer, pour innover et pour construire un Maroc moderne.
Ils doivent montrer avec la même rigueur qu’ils sont disposés à défendre leur langue et leur culture d’origine afin de consolider les attaches historiques et affectives de leurs enfants avec leurs régions et leur pays.
Ils doivent montrer aussi qu’ils sont capables d’investir, de lutter contre l’habitat insalubre, de permettre au projet « Maroc 2010 », à « l’initiative Humaine », au projet « FINCOME » et aux recommandations de l’IER de se réaliser et d’atteindre leurs objectifs respectifs.
Ils doivent, enfin, se rassembler dans des structures fiables, modernes pour mieux coordonner leurs actions et mieux assurer la défense de leurs causes nationales les plus légitimes.
Mais, ils ne doivent surtout pas oublier d’exercer l’un de leurs devoirs majeurs, à savoir œuvrer pour l’intégration (par l’école, l’université, l’entreprise ou le sport) de leurs enfants dans les sociétés d’accueil afin qu’ils puissent remplir pleinement leur rôle de citoyens responsables, respectueux des lois et porteurs d’espoir, de valeurs de paix et de tolérance.
Mais, pour que cette force tranquille et plurielle puisse agir efficacement ici et là- bas, il est de l’intérêt de tous (pays d’accueil comme pays d’origine) de permettre aux MRE d’exercer leurs droits politiques et civiques les plus élémentaires et les plus légitimes. Ceux annoncés dans le discours de SM le Roi du 6 novembre 2005 (droit de vote et d’éligibilité) constituent indéniablement le socle le plus essentiel sur lequel viendront s’ajouter tous les autres.
Rien n’est encore définitif. Tous les espoirs sont encore permis et le prochain discours de SM le Roi (fin juillet) à ne pas en douter, remettra avec sagesse et équité les choses à leur juste place.
Mohammed MRAIZIKA : chercheur en Sciences Sociales et en Droit International Humanitaire / Président d’almohagir