03 septembre 2006

C’est la démocratie qu’on assassine !

Faut-il céder à cette émolliente tentation : Ne rien faire ? Ne rien laisser dire ? Est-ce la règle du silence complice alors que partout s’agitent les esprits ? Et que dans le cloaque politicien grenouillent les prédateurs ? Ne rien dire, c’est laisser le pays s’éventrer, se suicider la bouche ouverte, entre les mains de démagogues et d’ opportunistes.
Le champ politique, celui des préparatifs électoraux avec ses leaders qui nous livrent pour la énième fois leurs jérémiades, est malade. Il est menacé d’une fièvre sans précédent, celle de la trahison et de la forfaiture. Et pour guérir, il lui faut impérativement une opération chirurgicale, tranchante et sans appel ! Opération chirurgicale qui le débarrasse de ses crocs morts, déguisés en éternels élus, de ces indéboulonnables - toujours les mêmes - élus, archiducs rémunérés, choyés sur le dos des citoyens qui comme dans une marre à crocodiles, semblent se livrer sans pudeur l’ultime combat de la survie...
Comme dirait l’autre : ils ne pensent qu’à leur petite personne, « se faire réélire pour la tirelire » ! Qu’importe le prix. Les discours, les circulaires, les déclarations pompeuses et autres ne servent plus à rien. D’ailleurs, elles n’ont jamais servi à rien, car la corruption des âmes et des mœurs est devenue une culture. Elle a investi les partis politiques dont certains cautionnent quand ils ne vendent pas et monnayent à tours de bras les accréditations. Ce n’est un secret pour personne, les candidats acheteurs de voix courent désormais les rues au vu et au su de tout le monde, au mépris de la loi et de l’éthique. Ce système a pour conséquence de ternir l’image du pays, les espoirs investis dans les prochaines élections. Il entraîne obligatoirement une grave perte de confiance, favorise l’illégalité et insuffle l’impunité qui se substitue à la légalité.
Y a-t-il une autre manière d’assassiner la démocratie naissante souhaitée par le monarque et le peuple ? L’opération chirurgicale s’impose donc.
1- Elle consiste à supprimer purement et simplement la deuxième chambre, cette chambre de conseillers inutile et coûteuse, véritable coquille vide de sens et d’intérêt.
2- Il faut également interdire, pour au moins dix ans, aux démissionnaires qui veulent déménager à la seconde chambre le droit de se présenter aux élections.
3- Il convient de renforcer la vigilance et lutter contre toute complaisance, et que l’Administration joue pleinement son rôle et accomplisse son devoir de contrôle , et éviter de se confiner dans une fausse et coupable neutralité. Ces trois mesurent peuvent en l’occurrence choquer les tenants du passéisme et de l’immobilisme qui prospèrent à une vitesse impressionnante, tant ils arrangent leurs intérêts de caste et protègent leurs privilèges. Mais ces mesures s’avèrent, dans le contexte pourri de nos jours, d’autant plus nécessaires que la forfaiture des neufs élus démissionnaires suscite la plus grande et une violente réprobation. Mieux : elle discrédite le système tout entier, parce qu’elle transforme la politique en un « panier de crabes », érige le marchandage sordide en une pratique et les opportunistes en fossoyeurs de la démocratie. Les neufs démissionnaires sortant de surcroît de respectables formations : PPS, MP, Istiqlal et RNI vendent leurs âmes au diable, dit-on. Ils sont poussés par leur nombril et se livrent à une morbide danse de girouette. Leur calcul personnel, troquer une année à la chambre de représentants contre la promesse , lucrative et juteuse, de se pavaner neuf ans encore à la deuxième chambre, constitue un camouflet jeté à la face du peuple, des institutions et des consciences.
Pas de deuxième chambre, pas de transhumance d’un parti à l’autre, pas d’achat de voix non plus, pas de violation enfin des règles au mépris de l’éthique et de la déontologie. Le chef du groupe parlementaire de l’ USFP au verbe enflammé si connu, n’a pas tord de parler de « trahison ». C’en est une, elle a valeur de test suicidaire. En tout les cas, si rien n’est entrepris pour y remédier, elle préjuge de ce que pourra être l’échéance du 8 septembre, ternie à l’envi, bafouée et méprisée. Comme si la deuxième chambre devenait un réceptacle, l’asile où l’on s’assure pendant neuf ans un salaire confortable, une immunité parlementaire dorée et des privilèges, neuf ans d’impunité sécurisée et d’abus, de contrebande, de drogue, de chèques sans provision et d’intervention monnayée, de gratuité. Un véritable paradis rêvé pour associations de malfaiteurs. Leur place ne peut être donc aux côtés ou en face de M. Mustapha Oukacha mais à Oukacha... Il faut donc libérer le Maroc et les Marocains de ces mafieux...
Il y va de l’avenir du Maroc et de ses institutions et s’il faut un referendum pour légitimer la suppression de cette boîte à gabegie appelée deuxième chambre, et bien qu’à cela ne tienne. Je lance un appel solennel à tous les citoyens, conscients de la gravité d’une situation ubuesque, pour qu’ils se mobilisent dans ce sens, j’en appelle également à une révision impérative de ces critères de candidature à toute élection, dont les spécialistes juristes, constitutionnalistes et experts peuvent établir et codifier les normes. Que cesse alors la comédie et que les porteurs de guigne s’éclipsent...

Mohamed M’JID : Président de la Fondation Marocaine pour la Jeunesse, l’Initiative et le Développement