08 octobre 2006

Elections communales en Belgique, un fiasco inéluctable pour la communauté marocaine.

Pourquoi les élections communales en Belgique présagent un grand fiasco pour la communauté marocaine ? Forte d’une importante masse d’électeurs dans tout le royaume belge, la communauté marocaine a des chances indéniables d’emporter beaucoup de sièges. La Belgique organise le 8 octobre prochain des élections communales. Cela paraît fortuit et insignifiant.

Pourtant, ces élections, par leurs répercussions directes sur la vie quotidienne des citoyens, sont beaucoup plus importantes que les élections législatives. Qu’en sera-t-il de la communauté marocaine ? De toute évidence, on s’achemine vers un fiasco.La dispersion et l’émiettement de notre communauté devant une échéance si cruciale pourraient s’avérer discréditants et catastrophiques. Discréditants, parce que notre communauté aura démontré son manque d’organisation, et catastrophiques parce qu’elle pourrait se retrouver sans, ou du moins, avec très peu de représentants au niveau de la gestion des communes. Qui en est responsable ?La commune, en Belgique, dispose d’un organe législatif (le conseil communal), d’un organe exécutif (le bourgmestre et les échevins - une sorte de Conseil des ministres) et d’un bourgmestre (maire - une sorte de Premier ministre - qui a ses propres attributions et prérogatives).

La commune est l’autorité publique la plus proche du citoyen. Elle gère les domaines essentiels de la vie des citoyens. La commune est notamment compétente en matière d’état civil (naissances, mariages, décès) et de population.La commune délivre les cartes d’identité, s’occupe de l’inscription des étrangers, délivre les cartes de séjour et toutes sortes d’attestations et de certificats, dont les certificats d’hébergement, enregistre les changements d’adresse, délivre les permis de conduire Plus important encore, elle gère l’enseignement public (dit communal) et les affaires de jeunesse. La gestion des écoles publiques, des crèches, des aires de jeux, les activités sportives, etc sont de son ressort. La commune est aussi compétente en matière d’autres domaines vitaux comme l’attribution de logements communaux et de l’aide sociale qu’elle fournit grâce à des centres publics d’action sociale, plus communément appelés CPAS, et grâce à d’autres services qui dépendent d’elle. Le CPAS a pour mission d’assurer aux personnes et aux familles l’aide due par la collectivité. Cette aide peut être matérielle, sociale, médicale, médico-sociale ou psychologique (octroi du revenu d’intégration, insertion socio-professionnelle, aide médicale urgente pour les illégaux, aide au logement, aide aux personnes âgées, accès à la culture et aux loisirs ). Elle dispose aussi d’une agence d’emploi qui aide les demandeurs à trouver un travail.

Elle a aussi une mission culturelle.

Elle organise des festivals, des expositions, des conférences, des distractions, etc et gère les académies des Beaux-Arts. La commune est de même compétente en matière de propreté publique, de cultes, de travaux publics, d’urbanisme, d’environnement, de gestion des propriétés communales, des contentieux et du tourisme. Elle assure la fonction de la police locale. La commune est de même compétente en certaines matières de relations internationales. Certaines communes ont d’ailleurs des accords de jumelage avec des villes marocaines, comme il en est entre la commune de Schaarbeek et la ville d’Al Hoceima. C’est dire toute l’importance que joue la commune dans la gestion de la vie quotidienne de ses habitants. C’est dire aussi l’importance que revêtent ces élections. Il s’agira, lors de ces élections, d’élire des représentants qui pourront intervenir efficacement dans tous les domaines précités. Le bien-être des habitants en dépendra. Les élus formeront le conseil communal qui devra élire le bourgmestre de la commune, qui, à son tour, constituera son collège d’échevins, son exécutif, parmi les membres du conseil communal.

Qu’en sera-t-il pour la communauté marocaine dans ces élections ? A quoi peut-elle s’attendre ?

Les candidats marocains qui se sont rués sur ces élections pour briguer un poste d’échevin ou de conseiller communal, ne ramasseront que des miettes. Il n’y a point besoin de sondage. On va vers un fiasco. Les statistiques sont incontestables. Comment peut-on imaginer que pas moins d’une trentaine de candidats marocains se présenntent dans la petite commune de Saint-Josse de Bruxelles qui fait à peine 1 km2 de superficie et compte à peine 3.000 électeurs d’origine marocaine sur un total de 11.000 électeurs. Les Turcs, la communauté la plus forte après les Marocains dans la commune (soit quelque 2.500 électeurs), ne présentent que 7 candidats (encore que des alliances sont en train de se faire pour le vote sur un seul candidat). Partageant à parts égales les voix de leurs communautés respectives, les 30 candidats marocains ne récolteront que 100 voix chacun, alors que les candidats turcs pourront facilement recueillir plus de 350 voix. La même situation prévaut dans les dix-huit autres communes de Bruxelles. Les candidats marocains, en se présentant en nombre si élevé, sont pratiquement en train de se saborder.

Pourquoi un nombre si élevé ?

La loi belge autorise pratiquement toute personne (de nationalité belge) âgée de plus de 18 ans et n’ayant pas encouru de peines pénales, à se présenter comme candidat. Il n’y a pas de conditions pour le niveau d’instruction. C’est une aubaine pour tous ceux qui, avec ou sans emploi, aspirent à asseoir leur situation avec un salaire facile dans un poste bien honorifique. La grande majorité des candidats se présentent sous l’étiquette d’un parti politique. Certains d’entre eux sont des militants de longue date, mais d’autres ont dû valser entre les partis avant d’en trouver un qui les prenne sous ses couleurs.

Liberation.