Décidément, l'Algérie prêche une chose et fait le contraire. Elle boycotte la Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement tenue les 10 et 11 juillet à Rabat. la conférence de Rabat avait réuni les pays émetteurs, de transit et d'accueil des migrants.
L'Algérie n'avait pas jugé utile de participer à cette conférence dont les travaux ont été entérinés par l'adoption d'un plan d'action sur la migration de l'Afrique vers l'Europe. Celui-ci a permis de limiter le flux migratoire de 65% en 2006. Pourtant, tout le monde sait que l'Algérie est devenue un pays d'origine, de transit et d'accueil de migrants originaires d'un nombre croissant de pays africains et non africains.
La visite de la première vice-présidente du gouvernement espagnol et de son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, hier à Alger, qui avait pour principal thème l'immigration, selon le gouvernement espagnol, intervient pour dissuader ce pays afin de déployer plus d'efforts dans le contrôle de ses frontières terrestres et maritimes. Et pour cause. L'Espagne fait face à un afflux de clandestins algériens.
Les arrivées d'embarcations de clandestins se sont multipliées sur les côtes de l'Espagne après des vagues importantes d'immigrants sur les îles Canaries. L'interception ces derniers jours, au large de Murcie et Almeria, de plusieurs embarcations en provenance de l'ouest algérien suscite de sérieuses inquiétudes à Madrid.Dans la presse madrilène, on soupçonne la découverte d'une «nouvelle route» de l'immigration clandestine entre les côtes ouest de l'Algérie et l'est de l'Espagne. Ce changement de centre n'est pas le fruit du hasard, la fermeté du Royaume du Maroc à l'égard de ce phénomène a fini par payer.
«La coopération hispano-marocaine, non seulement fonctionne, mais elle est menée de manière excellente», a assuré Consuelo Rumi, secrétaire d'Etat espagnole à l'Immigration, à l'issue d'un séminaire organisé récemment à Madrid par la Fondation «Pablo Iglesias».
Un «modèle de coopération» exemplaire, a renchéri Mme Rumi. Et d'ajouter que d'autres pays émetteurs d'immigrants illégaux devront prendre exemple sur le Royaume. Notre pays assume la charge financière liée aux opérations de rapatriement, avant que l'Union européenne ne s'implique davantage dans la lutte contre l'immigration clandestine en accordant un total de 700 millions de dirhams au programme d'urgence de soutien au développement institutionnel et à la mise à niveau de la stratégie migratoire présentée par le gouvernement.
Par contre, le dernier rapport en date publié par le département d'Etat américain met en cause l'Algérie pour son manque de respect des normes «minimum» pour l'éradication du trafic des personnes.Alger a dégringolé dans le classement établi par le département passant de la «liste 2» où il était classé dans le rapport 2005 à «la liste 2 de vigilance spéciale», où sont classés les pays devant faire l'objet d'un suivi plus attentif.
«L'Algérie n'a pris aucune mesure pour évaluer l'étendue du trafic des personnes dans le pays et n'a fait état d'aucune enquête ou poursuite judiciaire pour des délits de trafic», a souligné le rapport. Le refus de ce pays voisin de coopérer pour trouver une solution appropriée à l'immigration clandestine complique encore la situation.