20 mai 2006

MRE : Autrement qu'une identité bancaire !


Docteur Mounir FERRAM
Enseignant universitaire.

Nous n'imaginions autant d'intérêt pour les MRE sans cette initiative royale de les associer aux prochaines élections législatives. Ne serait-ce qu'au niveau de l'activisme actuel à leur sujet, qu'il provienne des partis politiques ou des associations de diverses tendances.
Les questions restent pourtant posées sur la faisabilité et sur l'organisation de ces élections ? Avec quels programmes politiques et avec quels projets pour relever les défis de demain dans leurs complexités et dans leurs imbrications ?
Nous ne pensons pas que la situation des MRE fasse l'exception culturelle de la politique marocaine. Elle est le lieu d'improvisations, d'approximations et de non-aboutissement.
Il ne s'agit aucunement de jeter des anathèmes ou de verser dans la dramatisation, mais de s'appuyer sur des indicateurs et sur des actions menées et élaborées dans la cohérence des démarches, des acteurs et surtout au niveau des résultats.
Une culture sémantique prépondérante en est révélatrice. Un des hebdomadaires marocains l'a soulevée récemment : Un MRE est un " indice monétaire. " Il représente une valeur de transfert, " un porte-monnaie ambulant " qu'on accueille avec un tapage médiatique et qu'on essaye de " ménager " lors de ses vacances !
On parle de volume de transfert, on s'arrête souvent à ce niveau de lecture. On aborde la question des MRE d'une façon globale et indifférenciée comme s'ils formaient une matière informelle, une entité homogène, souvent assimilée à des citoyens sans conscience politique ou sans valeur entreprenariale avérée au bénéfice de leur pays d'origine.
Au-delà de cette identité " bancaire " restrictive ou vision globalisatrice, une connaissance avancée des MRE est inexistante en termes de reconnaissance des expertises, des savoir-faire pour des partenariats servant à dynamiser différents secteurs ou, simplement, à constituer des relais fiables, sur distincts sujets nationaux et internationaux. Notamment, certaines causes nationales gérées, à ce jour, sans gouvernance élargie, durable et quantifiable.
Le préalable de la connaissance des spécificités et des attentes des MRE est indispensable, pour calibrer les discours et les formes de partenariats possibles dans le cadre de programmes égalitaires. L'association des MRE et leur implication, en amont, légitime et crédibilise toute action oeuvrant à leur proximité et à leur participation à l'édification du nouveau Maroc.
Comment approuver les politiques dont-ils sont destinataires sans les y associer antérieurement? Comment restreindre le débat à des interlocuteurs non renouvelables et sans prolongement naturel avec leurs préoccupations quotidiennes ? A croire que les générations et les problématiques sont in-changeants, s'appréhendent en dehors des enjeux et des réalités d'un monde en évolution!
La concertation et l'échange constructif autour de principes fédérateurs génèrent l'engagement spontané et rassembleur pour motiver les bonnes volontés à agir. Les discours politiques cantonnés à l'exacerbation de la passion nationale sont de court effet et ne sont plus en mesure de mobiliser qui que ce soit. De nouvelles synergies sont à réinventer inscrites dans le pragmatisme, la responsabilisation et la transparence pour être le socle de partenariats gagnants débarrassés de l'attentisme, des approches manquant de réalisme et de clairvoyance politique.