Ban Harding
MADRID - La décision du gouvernement socialiste de régulariser 700.000 clandestins et l'arrivée récurrente d'Africains à bord de bateaux de fortune sur les côtes d'Espagne sont à l'origine d'un sentiment de plus en plus négatif des Espagnols à l'égard des immigrés.
A en croire un sondage publié lundi par le quotidien El Mundo, 70% des Espagnols pensent qu'il y a trop d'immigrés en Espagne, contre 60% selon une enquête similaire parue il y a cinq mois.
Ils seraient également 70% à juger que la régularisation de 700.000 clandestins l'an passé a entraîné une multiplication par cinq des immigrés échouant sur les plages des Canaries, un flux que le gouvernement socialiste a du mal à contenir.
Il a d'ores et déjà intensifié les patrouilles sur le littoral et requis l'aide de Bruxelles. Il a en outre été amené à dépêcher d'importants contingents de police en Catalogne, où une flambée de cambriolages est imputée à des gangs d'Europe de l'Est. Les enlèvements dans la région de Madrid sont également à la hausse.
"Trente pour cent des meurtres et des agressions dus à des criminels étrangers", titre un grand quotidien espagnol, tandis que la presse se répand en récits d'agressions et de braquages impliquant des étrangers.
Le Parti populaire (PP), opposition de droite, a saisi cette flambée présumée de criminalité pour accuser la gauche d'avoir perdu tout contrôle sur les frontières et d'être responsable de l'insécurité. Ce qui a amené un responsable socialiste à comparer le secrétaire général du PP, Angel Acebes, à Jean-Marie Le Pen.
Mais, lundi, le leader de l'opposition à renouvelé ces attaques. "L'Espagne paie le prix d'une immigration incontrôlée et désorganisée", a-t-il lancé.
ROLE ECONOMIQUE CLE
L'immigration est une question politique très récente en Espagne, pays qui était encore très majoritairement blanc et catholique au début des années 1990.
Au pouvoir pendant 40 ans sous Franco, l'extrême droite est tombée à des niveaux de popularité très bas en Espagne, du fait notamment de la réorganisation de la droite sous le long mandat du socialiste Felipe Gonzalez dans les années 1980 et 1990.
Les déchaînements de violence contre les étrangers sont relativement rares, si on exclut les ratonnades de février 2000 dans la localité andalouse d'El Ejido. Et les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ou du 11 mars 2004 à Madrid n'ont pas entraîné d'augmentation notoire des actes xénophobes dans le pays.
En 2001, on dénombrait un million d'étrangers en situation régulière en Espagne. Mais elle est depuis devenue la destination de l'UE la plus prisée pour les immigrés.
Les chiffres officiels font état de 2,7 millions d'étrangers en situation régulière en décembre 2005, soit 39% de plus qu'en 2004.
Pour Carlos Malo de Molinos, responsable des études de Sigma Dos, qui a réalisé le sondage pour El Mundo, le nombre d'immigrés - clandestins ou non - en Espagne serait supérieur à cinq millions, ce qui représente plus de 10% de la population espagnole, estimée à 44 millions.
"Il y a eu une hausse spectaculaire ces dernières années", a-t-il dit, en précisant que de plus en plus d'Espagnols considéraient la régularisation de l'an passé comme une erreur.
"Cette loi avait été initialement bien reçue mais les perceptions ont changé, en raison notamment de la déferlante de clandestins sur les côtes des Canaries".
Originaires du Maroc, d'Afrique, d'Amérique latine et d'Europe de l'Est, ces clandestins jouent désormais un rôle économique clé dans les secteurs du bâtiment ou de l'agriculture, où ils reprennent les postes de travail manuel délaissés par les Espagnols.
Chaque chaîne de télévision diffuse presque tous les soirs des images de clandestins africains atteignant les côtes des Canaries.
"Les immigrants en Espagne sont généralement perçus comme une nécessité. C'est surtout vrai pour les Européens et les Sud-Américains. Mais les Africains sont de plus en plus mal vus, en raison de la différence de culture, de langue et de religion", a expliqué Malo de Molinos.
A en croire un sondage publié lundi par le quotidien El Mundo, 70% des Espagnols pensent qu'il y a trop d'immigrés en Espagne, contre 60% selon une enquête similaire parue il y a cinq mois.
Ils seraient également 70% à juger que la régularisation de 700.000 clandestins l'an passé a entraîné une multiplication par cinq des immigrés échouant sur les plages des Canaries, un flux que le gouvernement socialiste a du mal à contenir.
Il a d'ores et déjà intensifié les patrouilles sur le littoral et requis l'aide de Bruxelles. Il a en outre été amené à dépêcher d'importants contingents de police en Catalogne, où une flambée de cambriolages est imputée à des gangs d'Europe de l'Est. Les enlèvements dans la région de Madrid sont également à la hausse.
"Trente pour cent des meurtres et des agressions dus à des criminels étrangers", titre un grand quotidien espagnol, tandis que la presse se répand en récits d'agressions et de braquages impliquant des étrangers.
Le Parti populaire (PP), opposition de droite, a saisi cette flambée présumée de criminalité pour accuser la gauche d'avoir perdu tout contrôle sur les frontières et d'être responsable de l'insécurité. Ce qui a amené un responsable socialiste à comparer le secrétaire général du PP, Angel Acebes, à Jean-Marie Le Pen.
Mais, lundi, le leader de l'opposition à renouvelé ces attaques. "L'Espagne paie le prix d'une immigration incontrôlée et désorganisée", a-t-il lancé.
ROLE ECONOMIQUE CLE
L'immigration est une question politique très récente en Espagne, pays qui était encore très majoritairement blanc et catholique au début des années 1990.
Au pouvoir pendant 40 ans sous Franco, l'extrême droite est tombée à des niveaux de popularité très bas en Espagne, du fait notamment de la réorganisation de la droite sous le long mandat du socialiste Felipe Gonzalez dans les années 1980 et 1990.
Les déchaînements de violence contre les étrangers sont relativement rares, si on exclut les ratonnades de février 2000 dans la localité andalouse d'El Ejido. Et les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis ou du 11 mars 2004 à Madrid n'ont pas entraîné d'augmentation notoire des actes xénophobes dans le pays.
En 2001, on dénombrait un million d'étrangers en situation régulière en Espagne. Mais elle est depuis devenue la destination de l'UE la plus prisée pour les immigrés.
Les chiffres officiels font état de 2,7 millions d'étrangers en situation régulière en décembre 2005, soit 39% de plus qu'en 2004.
Pour Carlos Malo de Molinos, responsable des études de Sigma Dos, qui a réalisé le sondage pour El Mundo, le nombre d'immigrés - clandestins ou non - en Espagne serait supérieur à cinq millions, ce qui représente plus de 10% de la population espagnole, estimée à 44 millions.
"Il y a eu une hausse spectaculaire ces dernières années", a-t-il dit, en précisant que de plus en plus d'Espagnols considéraient la régularisation de l'an passé comme une erreur.
"Cette loi avait été initialement bien reçue mais les perceptions ont changé, en raison notamment de la déferlante de clandestins sur les côtes des Canaries".
Originaires du Maroc, d'Afrique, d'Amérique latine et d'Europe de l'Est, ces clandestins jouent désormais un rôle économique clé dans les secteurs du bâtiment ou de l'agriculture, où ils reprennent les postes de travail manuel délaissés par les Espagnols.
Chaque chaîne de télévision diffuse presque tous les soirs des images de clandestins africains atteignant les côtes des Canaries.
"Les immigrants en Espagne sont généralement perçus comme une nécessité. C'est surtout vrai pour les Européens et les Sud-Américains. Mais les Africains sont de plus en plus mal vus, en raison de la différence de culture, de langue et de religion", a expliqué Malo de Molinos.